Faisant poudroyer l’or des étamines frêles
Sous le frémissement azuré de ses ailes
Voici qu’un papillon s’y pose et boit le miel ;
Et j’ai cru voir, mêlant en un rêve d’Attique
La beauté de la terre et l’ivresse du ciel,
Sur ta bouche, ô Psyché ! palpiter l’âme antique.
Tu vivras toujours jeune, et grâce aux Piéride
Gallus, jamais ton front ne connaîtra les rides ;
Leurs mains, leurs belles mains sans trêve tresseront
Le laurier dont la feuille ombragera ton front,
Et, sous le jour divin qui fait mouvoir les ombres,
Tes grands yeux tour à tour éblouissans ou sombres
Refléteront ainsi qu’au miroir de tes vers
Le spectacle éternel du mobile univers,
Indifférent aux Dieux comme aux hommes moroses :
Et tu n’en retiendras que la beauté des choses.
[Écrit le 26 février 1905, jour anniversaire de la naissance de Victor Hugo.]
JOSÉ MARIA DE HEREDIA.