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élevés depuis l’émission. Les capitalistes de tous les pays et même ceux de la France, les plus craintifs de tous, se disputent les titres d’entreprises mexicaines. Avec les fonds qu’on lui prête, le pays se constitue un outillage des plus modernes : il a amélioré ses ports et construit 20 000 kilomètres de chemins de fer. Tels sont les heureux effets de l’ordre, dont le rétablissement a transformé le Mexique et a permis à ses habitans, assurés désormais de récolter les fruits de leurs efforts, de consacrer toute leur activité au développement moral et matériel du pays.


III

La population mexicaine, comme celle de tous les pays encore primitifs, est en grande majorité rurale. Les villes importantes sont rares ; il n’en existe en tout que vingt-deux qui dépassent 20 000 âmes[1]. L’agriculture occupe plus des trois quarts des travailleurs (76 pour 100). De toutes les branches de la production, c’est donc la plus importante au point de vue social aussi bien qu’au point de vue économique.

Au lendemain de la conquête, l’Etat espagnol s’était déclaré maître de toutes les terres. Les villages indiens gardèrent pourtant la plus grande partie de celles qu’ils cultivaient collectivement : une autre portion fut rendue ou conservée, comme nous l’avons dit, à la noblesse indigène ; sur le reste on préleva les vastes domaines qui furent distribués d’abord aux conquistadors, puis aux colons bien apparentés ou recommandés, venus de la métropole. Des Indiens étaient souvent donnés avec la terre ; après avoir été au début la chose de leurs maîtres, des esclaves ou peu s’en faut, comme ils l’étaient, au reste, sous le régime indigène, ils passèrent bientôt à la condition meilleure des serfs de la glèbe, lorsque le Conseil des Indes eut réglementé les droits des détenteurs des « encomiendas. » Ces fiefs, donnés à vie ou pour quelques générations plutôt qu’héréditairement, finirent par disparaître au XVIIIe siècle ; mais les Indiens n’en restèrent pas moins dans un état de demi-servage, plus ou moins officiellement reconnu.

  1. D’après le recensement de 1900, Mexico compte 344 721 habitans ; Guadalajara, qui est la plus grande ville après la capitale, en a 105 000 ; Puebla, 93 000 ; Monterey, 62 000 ; San Luis Potosi, 61 000 ; Léon, 58 000. Dix autres villes ont de 30 000 à 50 000 âmes et six de 20 000 à 30 000.