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Sud, se projette encore un puissant massif de hautes terres, relié au plateau proprement dit par un mince pédoncule ; ce sont les montagnes d’Oaxaca qui s’effondrent sur l’isthme de Tehuantepec, large de 220 kilomètres, et dont le point culminant atteint 200 mètres à peine. Physiquement le Mexique finit là. Politiquement, il englobe encore, au-delà de l’isthme, les hauts plateaux du Chiapas, qui font partie du système de l’Amérique centrale, et la presqu’île du Yucatan « vaste dalle calcaire, » selon l’expression d’Elisée Reclus, à peu près absolument plate et dont la surface n’est qu’à une centaine de mètres au-dessus du niveau de la mer.

À ce relief si mouvementé, le Mexique doit une variété de climat aussi grande que s’il s’étendait à travers 45 degrés de latitude, du Sénégal à la Scandinavie. La Vera-Cruz et une portion de la côte du golfe, la péninsule du Yucatan, Acapulco et une grande partie des bords du Pacifique sont parmi les contrées les plus chaudes du globe, puisque la température moyenne de l’année y dépasse 25 degrés ; toutes les régions voisines du littoral, toutes celles dont l’altitude est inférieure à 600 ou 800 mètres dans le Nord, à 1 000 ou 1 200 dans le Sud ont une moyenne annuelle supérieure à 20 degrés, un climat franchement tropical : ce sont les terres chaudes, tierras calientes. Au-dessus d’elles les premières terrasses des montagnes, et la majeure partie des plateaux forment les tierras templadas, les terres tempérées, où la hauteur moyenne du thermomètre est de 15 à 20 degrés ; ce sont elles qui occupent au Mexique la plus vaste étendue. Les plateaux les plus élevés, l’Anahuac par exemple et les montagnes de 2 000 à 3 000 mètres n’ont plus que 10 à 15 degrés de température annuelle ; ce sont les terres froides, tierras frias : au-dessus d’elles quelques hauts sommets s’élèvent jusqu’à la zone des neiges éternelles.

A part la presqu’île du Yucatan, où l’eau des pluies filtre à travers le sol calcaire, fissuré comme celui de nos causses, les terres les plus chaudes du Mexique sont aussi les mieux arrosées et par l’eau des nuages, et par celle des fleuves. Elles méritent bien leur nom d’Indes Occidentales, par la splendeur de leur flore : à l’état de nature ce sont des forêts presque inaccessibles où des lianes, dont plusieurs sont précieuses, comme la vanille, comme certains caoutchoucs, s’enlacent aux branches d’arbres magnifiques, qui fournissent les meilleurs bois de teinture et de