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Sud, au fur et à mesure qu’ils s’assagissent, et qui sont une véritable renaissance. Peu à peu, l’amélioration s’étend à tous. Les résultats de la paix et de l’ordre sont si heureux qu’on a vraiment le droit d’espérer que l’ère de la sagesse est définitivement ouverte, bien qu’elle soit encore d’assez fraîche date, pour la plupart de ces pays. L’un d’eux cependant y est entré assez longtemps avant les autres et donne depuis trente ans, la durée de toute une génération, l’exemple d’une nation parfaitement tranquille sous un gouvernement stable. Après avoir été le premier subjugué par l’Espagne, dont il fut la plus belle colonie, après avoir le premier conquis son indépendance, le Mexique a été aussi le premier des États de l’Amérique latine qui soit venu à la sagesse. Cette ancienne terre classique de la guerre civile mérite qu’on étudie ce qu’elle est devenue après trente ans de paix et de sécurité. Son gouvernement justement fier de son œuvre a voulu faciliter cette étude et présenter au monde, à la France en particulier, le Mexique régénéré en publiant une véritable encyclopédie mexicaine où sont décrits les caractères naturels du pays et tout son développement économique, politique, social et moral. L’une des originalités de cet ouvrage, qui forme, à cent ans de distance, une sorte de pendant à l’Essai politique sur le Royaume de la Nouvelle-Espagne par lequel Alexandre de Humboldt avait révélé au monde européen le Mexique colonial, c’est qu’il est écrit tout entier par des Français, choisis parmi les plus compétens en chacune des matières traitées, auxquels le gouvernement mexicain a fourni des documens aussi complets que possible. Le livre qui est résulté de cette collaboration, le Mexique au XXe siècle se trouve ainsi affranchi de préjugés nationaux. Quelques esprits pointilleux pourraient craindre, il est vrai, que la courtoisie n’ait porté ses rédacteurs à faire du Mexique un tableau trop attrayant ; mais, lors même qu’il y manquerait quelques ombres, il n’en est pas moins tracé par des hommes qualifiés et qui ont pu prendre un recul suffisant. Il est possible, au surplus, de contrôler par d’autres documens la plupart des informations qu’il contient, de les compléter au besoin, et il semble qu’on puisse apprécier ainsi sainement ce qu’est le Mexique d’aujourd’hui, les causes qui en ont produit la rénovation, et les perspectives qui paraissent s’ouvrir devant lui.