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reconnaître que le Conseil a accueilli, en 1872, un projet fortement entaché de nouveauté, jusqu’à accorder à son auteur une active collaboration, ce qui écarte, à son adresse, l’objection de principe. Dans ses votes négatifs, le Conseil est, en général, le simple écho de l’opinion régnante, parfois même celui d’une autorité supérieure à la sienne, résolue à dire non alors que lui-même proposerait d’approuver. L’intervention d’un conseil consultatif, où les officiers de vaisseau dominent, a l’avantage de favoriser la confiance du personnel naviguant dans ses navires ; elle serait sans inconvéniens, si le Ministre, à qui incombe toute la responsabilité finale, savait faire sentir à propos une influence toujours acceptée. Nous pouvons donc respecter nos vieilles institutions, à la seule condition de placer en bonnes mains la plume qui donne la signature décisive, et de mettre, comme on dit de l’autre côté de la Manche, the right man in the right place. Maintenant surtout, qu’il n’y a plus à compter sur quelque puissante intervention venue du dehors, on aurait le plus grand tort de croire le ministère de la Marine outillé d’un si parfait ensemble de rouages mécaniques, que l’on puisse confier à quiconque le soin de tourner la manivelle, avec des chances d’avoir la musique plus régulièrement moulue, si le porteur de l’orgue est aveugle.


L.-E. BERTIN.