Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 30.djvu/571

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur le tiers environ de sa longueur, porte toute la grosse artillerie, est protégée par des plaques de deux pieds (0m, 61) d’épaisseur, le maximum qui ait jamais été atteint, à l’exclusion de tout cloisonnement. Les dispositions de l’Inflexible ont été reproduites sur la longue série des citadel-ships anglais, avec un léger allongement de la citadelle centrale cuirassée.

L’attention toujours en éveil de l’Amirauté anglaise s’est portée, dès l’origine, sur les dangers que les brèches dans la tranche cellulaire, en avant et en arrière de la citadelle, peuvent faire courir à la stabilité. Le blue-book publié à ce sujet, lors de l’entrée en service de l’Inflexible, est un document important pour l’histoire du système défensif des navires, à la fois par ce qu’il donne et par ce qu’il omet. La protection de la stabilité est, en effet, d’importance primordiale, même lorsque la tranche cellulaire est recouverte, comme aujourd’hui, d’une ceinture cuirassée complète. Les problèmes qu’elle soulève sont complexes. J’en ai tout spécialement poursuivi la solution depuis quinze ans, en cherchant à déterminer, à la fois, la valeur du couple de redressement sur le navire en avaries et celle du couple de chavirement, auquel il faut faire équilibre pendant les girations. Je ne suis parvenu qu’au commencement de l’année 1905 à des résultats un peu satisfaisans et théoriquement complets.

A partir de 1877, la tranche cellulaire fut établie sur tous les croiseurs mis en chantier en Angleterre, à l’exception de l’Iris et du Mercury ; ses dispositions ont varié.

D’abord sir Nathaniel Barnaby dota ses six croiseurs du type Comus d’un cloisonnement complet, longitudinal et transversal, avec cofferdam en abord et cofferdam autour des écoutilles. Ces bâtimens sont bien véritablement à flottaison cellulaire ; ils ont été des précurseurs.

Plus tard, les constructeurs anglais jugèrent suffisant, sur les simples croiseurs, d’établir un pont blindé surmonté en abord des soutes à charbon principales, sans cofferdam, sans protection des écoutilles, en resserrant seulement un peu le réseau des cloisons vers les extrémités avant et arrière. Cette disposition, d’une grande simplicité, a l’inconvénient d’exiger, pour être efficace, la présence du charbon dans les soutes supérieures qui sont forcément vidées les premières. Le nom de protected, en français « croiseurs protégés, » a été créé pour cette classe