Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 30.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

imprime en ce moment. Je parlerai aussi de la Déclaration ; et à propos de cette Déclaration, il est bon qu’on sache que les adhésions prétendues des autres évêques, ne sont, en grande partie, rien moins que des adhésions réelles. J’ai vu les lettres de plusieurs d’entre eux, et il y en a que je signerais sans aucune difficulté. Je citerai particulièrement celles des évêques de Nancy et de Versailles. Beaucoup d’autres se taisent complètement sur les trois derniers articles, et par ce qu’ils disent du premier, on voit clairement qu’ils ne l’entendent pas. Bref, on fait pour eux ce que Buonaparte fit pour les évêques d’Italie, on abuse de leurs noms pour tromper le public. Mais tout se saura plus tard. Vous sentez bien qu’il m’est impossible de songer au voyage de Turin. Le devoir me retient ici. Je ne puis, en aucune manière, quitter la France qu’après avoir fait mon livre[1], et il sera bien tard alors pour passer les Alpes ; d’autant plus que je devrai rester encore pour répondre de ce que j’aurai dit. L’Eglise doit aller avant l’amitié. Écrivez en ce sens à ceux que j’ai à cœur de persuader[2].

J’ai su que M. Larneau, sans me prévenir, vous avait fait une demande biscornue ; excusez cette méprise. Il est averti maintenant, et il doit vous l’avoir écrit lui-même.

Mon frère, qui est ici pour quelques jours, vous dit mille choses tendres. Ne viendrez-vous point aussi ? En attendant, priez pour moi comme pour le plus dévoué de vos amis.


Paris, 14 juin 1826.

Je vous écris deux mots en toute hâte, mon cher et respectable ami. Il m’est survenu de nouvelles tribulations qui ne me laissent pas un seul moment libre. Je me trouve dans des embarras extrêmes par suite d’un épouvantable abus de confiance. J’espère pourtant que le bon Dieu m’aidera et me donnera le moyen de reprendre mes travaux qui sont assez pressés. Il faut que je réponde aux trois Clausel, à l’abbé Boyer[3], etc., et puis je

  1. « Je médite un ouvrage assez étendu où les questions que j’ai traitées reparaîtront sous un jour nouveau ; il sera comme une théorie générale de la société. » (Lamennais à Mme de Senfft, 21 mai 1826, Id., ibid., p. 251.)
  2. Ceci est probablement une réponse à ces lignes de la lettre citée de M. Vuarin : « Je n’ai pas écrit à Mlle Constance [de Maistre] que vous hésitiez sur la Préface ; toute la famille en aurait été trop chagrinée. »
  3. L’abbé Boyer (1766-1842), prêtre de Saint-Sulpice, oncle de Mgr Affre et fougueux gallican. L’oncle et le neveu s’attaquèrent à Lamennais, qui ne les ménagea guère.