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J’userai de vos instructions pour l’affaire dont vous me parlez, et je ne négligerai rien à cet égard de ce qui sera en mon pouvoir. Malheureusement je suis personnellement presque nul. Ma santé est très altérée. J’ai un commencement de maladie du cœur qui me rend toute application impossible. Une lettre à écrire suffit souvent pour déterminer des spasmes douloureux suivis d’un évanouissement. Outre cela, je suis accablé d’affaires. Veuillez, je vous prie, avertir M. de Maistre de mon état, afin qu’il sache combien la promesse que je lui ai faite est incertaine, quant à l’époque de son exécution. Si vous le déterminiez à s’adresser à une autre personne, vous me rendriez service ; car cet engagement, au milieu de mille devoirs en souffrance, me tracasse et contribue à m’ôter la tranquillité dont j’ai si grand besoin. Je ne puis vous dire encore quand je partirai pour T[urin]. Mon affaire avec M. de Saint-V[ictor] qui ne finit point, car rien ne finit, exige ma présence dans cette triste ville. Vous serez averti de mes démarches ; c’est tout ce que je puis vous dire en ce moment.

J’ai vu Mme de Loménie et Mme de Bellamare ; nous avons beaucoup parlé de vous ; elles vous sont fort attachées. La douairière est à peu près complètement aveugle ; elle doit se faire faire après Pâques l’opération de la cataracte.

Vous avez reçu mon dernier écrit[1], il produit généralement une vive impression. Fr[ayssinous] en est très affecté ; il y a de quoi l’être. Dieu veuille que sa conscience par le et qu’il l’écoute. Il serait temps ou jamais, que R[ome] aussi parlât. Nulle circonstance ne saurait être plus favorable. Un acte éclatant de sa part finirait tout à jamais. Écrivez en ce sens, et avec force. Il n’y a que le courage qui réussisse. Je ne serai probablement pas attaqué ; plus faible, je l’eusse été sans aucun doute. Pressez, pressez, on comprendra peut-être.

Je vous prie de dire à M. Voullaire que je serais très heureux de lui être utile. Je voudrais pouvoir trouver ici un emploi qui lui convînt. Il est impossible que, de Genève à Paris, il s’occupe de traductions pour le Mémorial ; ce sont des choses

  1. La Religion considérée dans ses rapports avec l’ordre politique et civil.