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ses opérations normales par le souci d’acquérir la prime. Son armateur n’a pas à craindre, comme l’armateur d’un navire français susceptible d’être primé, qu’une réparation utile ne diminue son allocation, qu’un chargement un peu long ne réduise trop le nombre de milles parcourus. Il a l’esprit libre de ce côté.

En ce qui concerne la remise des quatre cinquièmes des droits de port, la condition à remplir est unique et plus simple encore. Il suffit d’avoir à bord un novice de moins de vingt et un ans qui soit citoyen américain ou qui promette de demander sa naturalisation.

Dans ces conditions, il semble que le projet de la Commission soit bien adapté au premier des buts qu’il vise, l’essor de l’armement américain.

Mais il faut des équipages pour monter les navires, et une marine marchande n’est solidement constituée dans un pays que lorsqu’elle trouve sur le territoire national les équipages dont elle a besoin.

La situation actuelle des Etats-Unis est très défectueuse à ce point de vue. D’après les statistiques publiées par le Commissioner of Navigation[1], 55 550 Américains auraient figuré, en 1904, sur les rôles de la marine marchande américaine. Le total des hommes d’équipage de toutes nationalités aurait atteint le chiffre de 112 957. C’est donc environ une proportion de 49 pour 100 d’Américains dans l’ensemble des équipages. Mais les naturalisés tiennent une large place dans ce compte. Le Commissioner of Navigation estime que, depuis dix ans, la proportion de marins nés en Amérique n’a pas augmenté. Or, en 1895, alors qu’on relevait dans les statistiques le lieu de naissance et non pas la nationalité des hommes d’équipage, les Américains ne figuraient que pour 28 pour 100. Depuis lors, le nombre des naturalisations de marins s’est accru, tant par l’effet de certaines lois que par suite des règlemens des syndicats de marins. Ceux-ci exigent de leurs membres la qualité d’Américain ou la promesse de se faire naturaliser. Dans les ports de l’Atlantique et du Pacifique, où leur situation est assez forte, où les non-syndiqués éprouvent quelque difficulté à se faire embaucher, les syndicats tendent ainsi à accélérer le mouvement des naturalisations. Mais il y a quelque chose

  1. Annual Report, november 5, 1904, p. 27.