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d’Europe arment aujourd’hui des voiliers uniquement dans l’intention de perfectionner l’éducation de leurs jeunes officiers. La marine de guerre des Etats-Unis en fait autant. Il y a quelques mois, le gouvernement a lancé trois navires à voiles construits exactement sur le type adopté par la marine marchande et devant servir exclusivement de bateaux-écoles. »

Le projet de loi ne fait pas non plus de distinction entre les navires actuellement existans et ceux qui pourront être construits à l’avenir. Tous jouiront des mêmes avantages pourvu qu’ils remplissent les conditions exigées. On limite seulement à dix ans la période au cours de laquelle un même navire pourra toucher la prime directe de cinq dollars. C’est un encouragement justifié au renouvellement futur des élémens de la flotte marchande. Ce n’est pas la condamnation des unités actuellement existantes et capables de faire encore un bon service.

Au surplus, la Commission n’est pas tombée dans le travers si fréquent et si fâcheux du paternalisme gouvernemental. Elle ne profite pas de ce que la marine marchande américaine a besoin de l’aide de l’Etat pour la mettre sous la tutelle de l’État. Elle ne dit pas aux armateurs ce qu’ils ont à faire ; elle ne leur enseigne pas leur métier ; elle ne les détourne pas des vapeurs comme la loi française de 1893 ; elle ne les détourne pas des voiliers comme la loi française de 1902 ; elle ne leur impose pas de conditions de vitesse avec complication d’essais coûteux ; ni de conditions de chargement avec vérifications minutieuses ; ni de conditions de parcours avec calculs de distances laborieux, « entraînant d’interminables retards ; ni de conditions de durée d’armement, obligeant à conserver les équipages ; ni de conditions de retour pour toucher le plein des primes acquises. Elle les gêne le moins possible dans leur exploitation. Elle n’ajoute pas des préoccupations administratives aux préoccupations commerciales, qui doivent seules les guider.

Par exemple, pour avoir droit à la prime de 23 francs, par an et par tonneau de jauge brute, le navire américain doit être affecté pendant l’année entière à la navigation de concurrence. Est-ce à dire qu’il lui faille naviguer sans interruption ? Nullement. La condition sera remplie pourvu qu’il ne soit pas resté inactif (idle) pendant plus d’un mois. Et il n’est pas réputé inactif quand il charge, quand il décharge, même quand il se fait réparer. Voilà un navire qui n’est aucunement entravé dans