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États-Unis aura encore besoin, quoi qu’il arrive, pendant une période assez longue, du secours des pavillons étrangers. Enfin, les primes à l’exportation n’auraient jamais développé qu’un certain genre d’armement, et le but poursuivi, tant au point de vue commercial qu’à celui de la défense nationale, était plus large.

Pour la même raison, la Commission a repoussé le système des détaxes accordées aux marchandises étrangères importées sous pavillon américain. Ces détaxes auraient abouti à des inégalités aussi choquantes que peu justifiées. Le navire des Etats-Unis apportant d’Europe des ballots de soie aurait pu exiger un fret énorme en raison des remises de droits de douane très considérables dont ces ballots auraient bénéficié à leur arrivée. Mais un chargement de ciment ne lui aurait procuré qu’un faible avantage, le ciment peu taxé ne pouvant être que peu détaxé. L’armateur n’aurait plus été aidé dans la mesure de son activité, mais dans la mesure où il se serait procuré des cargaisons de prix. Et son intérêt normal est aujourd’hui de rechercher, au contraire, le fret lourd.

De plus, le système des détaxes douanières violait une série de traités conclus par les États-Unis et assurant à des puissances étrangères le traitement égal de leur pavillon et du pavillon national. Il avait cela de commun avec le système des détaxes de tonnage proposé également à la Commission et sérieusement examiné par elle. Avec ce système, on va droit au but. Les navires étrangers paieront des droits de port élevés. Les navires américains n’en acquitteront que de très faibles. Il n’est plus question ici de marchandises ; c’est la navigation sous pavillon américain qui est directement favorisée. L’avantage de cette action directe est si grand que la Commission n’a pas voulu renoncer à la détaxe de tonnage. Elle s’est arrangée seulement pour tourner la difficulté résultant des traités internationaux en vigueur. Afin d’obtenir ce résultat, elle a recouru à un ingénieux artifice. Tout navire entrant dans un port des États-Unis paiera un droit de tonnage plus élevé que le droit actuellement ; existant, mais égal pour tous les pavillons sans distinction. Le principe est donc sauf. Mais les navires américains qui rempliront certaines conditions, d’ailleurs très simples, recevront une remise des quatre cinquièmes sur les sommes payées par eux à titre, de droit de tonnage.