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Rappelez-moi, je vous prie, au souvenir de M. le curé de Chêne, de MM. vos vicaires, et des personnes que j’ai eu l’avantage de connaître chez vous. Mon frère vous dit mille choses tendres et respectueuses. Je suis, Monsieur et bon ami, tout à vous en N. -S.


À la Chênaie, par Dinan (Côtes-du-Nord), le 18 avril 1825.

Je reçois, mon cher et respectable ami, votre lettre du 11 avril. Je ne puis vous exprimer quelle joie c’est pour moi de recevoir de vos nouvelles. Il y a si peu de gens aujourd’hui pour qui l’on puisse avoir les sentimens que vous inspirez !

Je n’ai guère de détails à vous mander du fond de ma solitude, quoique j’eusse cependant une infinité de choses à vous dire. L’objet de cette lettre est presque uniquement de vous prévenir que je serai forcé de me rendre à Paris dans les premiers jours de mai. J’y passerai probablement environ trois semaines. Ne pourriez-vous pas y apparaître à la même époque ? Ce serait pour moi un grand bonheur, et peut-être ce voyage ne serait-il pas non plus inutile pour vous[1]. Il est bon de prendre hauteur de temps en temps, et vous serez étonné vous-même des changemens que vous trouverez. Mon frère vous offre mille amitiés respectueuses. Il est tout occupé de sa congrégation qui fait beaucoup de bien. Je suis, mon excellent ami, tout à vous du fond de mon cœur Xto et Mr.


Paris, le 9 juin 1825.

Je profite, mon cher ami, du départ de Mgr d’Amasie[2], pour vous faire parvenir sûrement cette lettre. Depuis que vous avez quitté Paris, il ne s’est rien passé de fort remarquable. Le sacre et les fêtes ont occupé tous les esprits. On fait danser le peuple autour de sa fosse, ou plutôt on essaie de le distraire par des amusemens auxquels il se prête avec assez de froideur. L’entrée du Roi a été, quoi qu’en disent les journaux, extrêmement triste et morne : point de cris, point d’amour ; une curiosité silencieuse pour le spectacle, voilà tout. La haine qu’inspire le ministère

  1. M. Vuarin se rendit à ce désir. Lamennais constate sa présence à Paris dans une lettre à l’abbé Gerbet, du 11 mai 1825 (Blaize, t. II, p. 28).
  2. L’archevêque in partibus d’Amasie, Mgr de Pins, administrait le diocèse de Lyon, en l’absence du cardinal Fesch.