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Rappelez-moi, je vous prie, au souvenir de l’excellent curé de Chêne, de MM. vos vicaires, et de toutes les personnes que j’ai connues chez vous. Adieu, mon respectable ami, je n’ai pas besoin de vous redire combien je vous suis tendrement dévoué.


Paris, 31 décembre 1824.

J’ai reçu, mon respectable ami, votre lettre du 19 de ce mois, et les 110 francs qui y étaient joints.

On était étonné à R… de votre silence. Je l’ai expliqué très naturellement ici à la personne qui m’en a parlé, et elle a paru m’en tendre.

L’abonnement du comte Oppizoni est de 40 francs pour deux ans, et celui du comte Mellerio, idem.

J’ai remis au comte de Senfft la lettre du curé de Gex concernant la Société catholique. Je ne suis pour rien dans cette œuvre, ni aucune autre semblable. Mon frère aussi s’en est retiré en partant pour la Bretagne. Avant de donner vos abonnemens, j’ai voulu vous prévenir que la Société catholique n’est peut-être pas ce que vous la supposez. On l’a gâtée totalement. L’abbé Löwenbruck[1] qui la dirige n’y entend absolument rien. On se borne à réimprimer quelques ouvrages très médiocres pour le peuple, tandis qu’il faudrait principalement agir sur les classes lisantes. La Bibliothèque catholique est mieux conçue ; elle donne chaque année vingt-quatre volumes d’ouvrages divers pour 22 francs. La Société catholique fournit trente-six volumes pour 20 francs, mais les exemplaires sont triples. On va lier à la première œuvre une chose plus importante ; ce sera une Bibliothèque chrétienne en cent volumes qui paraîtront dans le cours de cinq ans, et qui serviront de contre-poison contre la Bibliothèque du XIXe siècle, également en cent volumes. Tous les ouvrages seront nouveaux, et se vendront 25 sous le volume. Je croirais donc plus utile de souscrire pour la Bibliothèque catholique. Si vous prenez ce parti, vous pouvez écrire à M. l’abbé de Salinis[2] au Collège d’Henri IV. Si vous préférez la Société

  1. Missionnaire connu pour son zèle et ses excentricités. Cf., dans Forgues, la lettre à Mlle de Lucinière du 12 novembre.
  2. Né en 1798, M. de Salinis, après avoir exercé les fonctions d’aumônier au lycée Henri IV, contribua à rétablir le collège de Juilly où il appela plusieurs disciples de Lamennais comme professeurs. Nommé en 1847 à l’évêché d’Amiens, il fut transféré en 1856 à l’archevêché d’Auch.