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se perd de plus en plus. Celui qui le remplace en province veut le quitter ; autant en fera la personne qui est ici placée le plus près de lui. Jamais on ne tombe si bas dans l’opinion, et plus justement. D’un autre côté les nominations sont tout ce qu’on devait s’attendre qu’elles seraient. On parle de rétablir la Sorbonne. Après cela, que vous manquera-t-il ?

Il n’y a qu’une voix sur les ministres ; ils sont repoussés universellement. Leur chute est inévitable ; mais qui les remplacera ? Personne n’en sait rien. Ce sont les circonstances qui gouvernent.

Faites-moi le plaisir d’acheminer la lettre ci-jointe à Rome. Mes tendres respects à M. l’archev[êque] de Lyon[1]. Mon frère vous prie d’agréer l’assurance de son inviolable attachement ; je n’ai pas besoin, j’espère, de vous parler du mien.


Paris, 18 décembre 1824.

J’étais, Monsieur et très cher ami, fort impatient de recevoir de vos nouvelles ; jugez par là du plaisir que m’a fait votre lettre du 10 de ce mois. Les détails qu’elle contient ne m’ont pourtant satisfait qu’en partie : car si, d’un côté, vous trouvez dans le voyage que vous venez de faire de nouveaux secours pour le bien, d’un autre côté, il est pénible qu’il se présente des obstacles qu’un peu de foi et de piété devraient aplanir sur-le-champ. Mon Dieu, qu’il y a de l’homme dans l’homme[2] ! et que le nombre est grand de ceux qui, suivant l’expression de l’Apôtre, quærunt quæ sua sunt, non quæ J. C. !

Pour ne rien oublier, je vais répondre successivement aux divers articles de votre lettre.

L’abonnement du comte Oppizoni et celui du comte Mellerio sont de 40 francs chacun pour les deux années 1824 et 1825.

Je vais prendre des informations sur les lithographies auxquelles vous êtes abonné, et je ferai joindre au premier envoi la livraison qui vous manque.

Quant aux livres que M. Gavard a reçus pendant votre

  1. L’archevêque de Lyon, à cette époque, était toujours le cardinal Fesch, l’oncle de Napoléon, qui vivait à Rome, depuis la chute de l’Empire, et ne consentit jamais à donner sa démission.
  2. Évidente allusion à la résistance qu’opposait Mgr Yenni aux projets de M. Vuarin touchant la reconstitution de l’évêché de Genève.