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qu’on prenne des mesures pour empêcher les conversions, devenues, disent-ils, très nombreuses dans toutes les classes ? N’est-ce pas là une curieuse application des principes du protestantisme ? Les miracles multipliés qu’opère le prince de Hohenlohe[1] et qui paraissent aujourd’hui bien authentiques, feront, je crois, une vive impression en Allemagne. J’ai lu une lettre d’un protestant très convaincu de la réalité de ces miracles, et qui parle du Prince avec une vénération profonde. Le bras de Dieu est étendu sur cette terre qui le renie et de grandes choses se préparent. Espérons et prions. Recevez, Monsieur et très cher ami, l’assurance de mon sincère et tendre attachement.

F. DE LA MENNAIS.


Paris, 7 octobre 1821.

J’ai reçu, Monsieur et cher ami, votre lettre datée de Dienville, ainsi que le paquet qu’elle m’annonçait. La brochure adressée à M. Picot lui a été remise. J’ai gardé l’exemplaire qui m’était destiné, et je vous en remercie. Il y a des choses curieuses en fait d’aveux, et qui pourront trouver un jour leur place quelque part. J’écrivis hier à M. de Haller au sujet de son manuscrit. Il est impossible de faire imprimer sa préface ; elle révolterait d’un bout à l’autre la délicatesse française qui ne peut pas souffrir qu’on parle de soi sans une grande nécessité. Il sera nécessaire aussi que M. de Haller abrège beaucoup son ouvrage ; autrement, il n’aura certainement point de lecteurs. Je crains que cet excellent homme ne comprenne pas assez cela. C’est pourtant l’avis unanime de tous ses amis de Paris. Je prends occasion de ce qu’il me dit lui-même pour lui parler de ses enfans, et de l’importance de les faire élever dans une école catholique. Je lui parle aussi des exercices de piété et de l’usage des sacremens, où il puisera tant de force et de consolation.

Le Défenseur va cesser. La dernière livraison doit paraître aujourd’hui ou demain. Je crois que les éditeurs ont raison de ne pas lutter plus longtemps contre la censure, qui tue

  1. Le prince de Hohenlohe-Schillingfurst, grand-prieur de Gross-Varadin, en Hongrie, puis évêque in partibus de Sardique (1794-1849). Il passait pour thaumaturge. Il est à ce propos assez curieux d’observer l’attention toute spéciale que Lamennais prête alors à l’Allemagne contemporaine. Un peu plus tard, il voulait îonder une Œuvre des études allemandes qui eût facilité à de jeunes catholiques les moyens d’étudier à Munich. Voyez là-dessus d’intéressans détails dans le livre récent de M. Georges Goyau sur l’Allemagne catholique (t. II, p. 104-105).