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les décisions. Mais la situation étant devenue menaçante et la nécessité s’étant imposée d’unifier la direction politique et militaire, l’Act de 1773 investit le président du Comptoir du Bengale[1] d’une certaine autorité sur ses collègues de Bombay et de Madras et lui conféra le titre de Governor-General in Council of Bengal, titre changé, par le bill de 1833 qui renouvela les privilèges de la Compagnie, en celui de Governor General of India in Council. Mais, pas plus que Warren Hastings, le gouverneur général de 1833 ne possédait de réelle initiative ; il ne pouvait rien faire sans son conseil, sans le Board of control, sans l’assentiment des directeurs londoniens. C’était un souverain ultra-constitutionnel, un chef nominal, un personnage plus décoratif qu’agissant, dont la volonté était souvent paralysée. Les responsabilités s’éparpillaient, on bavardait beaucoup, on ne s’entendait guère. A cet organisme trop compliqué manquait une âme. Ce défaut se manifesta d’une façon tragique lors de la célèbre insurrection des Cipayes (1857), qui donna aux Anglais les plus grandes inquiétudes et faillit causer le plus irrémédiable désastre.

La leçon était rude : elle ne fut pas perdue. Dès l’année qui suivit, un projet de bill for the better government of India fut soumis au parlement et celui-ci s’empressa de le voter. Le bill opérait une coupe sombre dans les Offices de l’administration indienne, déblayait largement le terrain autour de l’exécutif, coupait ses plus gênantes entraves, — comme le Board of control, — et chargeait, dans des conditions que j’indiquerai tout à l’heure, un secrétaire d’Etat de servir d’intermédiaire entre la métropole et sa colonie. Ces mesures, toutefois, ne constituaient qu’une amélioration provisoire et le bill de 1858 ne fut qu’un précurseur. La charte administrative de l’Inde, la vrai base et l’armature du système actuel, c’est l’Indian council act de 1861, qui mérite l’épithète d’admirable.

L’Indian Council Act maintint aux présidences de Bombay et de Madras leur dénomination et leurs limites. Quant à celle du Bengale, il la divisa en huit provinces, mais fit de son chef-lieu, Calcutta, la capitale de l’Inde entière. Les nouvelles circonscriptions comprenant uniquement et exclusivement les territoires d’administrations directes, c’est-à-dire ceux qui

  1. C’était Warren Hastings.