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aient été modifiés par les voies régulières. Tel est notre principe en ce qui concerne la police de la frontière. On nous parle de nous donner plus de force pour l’exercice de notre droit. Nous en avons assez ; nous n’éprouvons aucun besoin d’en avoir davantage. Un mandat international n’y ajouterait rien, et si nous avions l’air de le solliciter, nous paraîtrions mettre en doute la légitimité et la solidité d’un instrument éprouvé, qui se suffit à lui-même. Nous ne doutons nullement des dispositions de la conférence. On nous dit qu’elle reconnaîtrait nos droits, soit ; mais notre condescendance sur ce point risquerait d’ébranler tous les autres traités passés par le Maroc avec toutes les autres puissances, et la gravité de cette conséquence n’échappera à personne. Parmi ces traités, s’il en est qui aient un caractère particulièrement intangible, ce sont assurément ceux qui se rapportent à la police de la frontière. La conférence n’a qu’un moyen de les reconnaître c’est de ne pas s’en occuper. Qu’elle s’occupe de l’organisation de la police dans le reste du Maroc, en dehors d’une région où elle est déjà assurée par la puissance qui y a un intérêt prépondérant et même exclusif. Si des questions subsidiaires viennent à se poser au sujet de l’affectation par le maghzen à la police de la frontière des ressources qui lui seront attribuées par la conférence, c’est là un intérêt de second ordre qu’il est facile de régler avec un peu de bonne volonté mutuelle, et qui laisse intacts les principes que nous avons posés.

Tels sont les quatre points sur lesquels on négocie : peut-être y en a-t-il d’autres, mais on n’a parlé publiquement que de ceux-là. Peut-être y en a-t-il d’autres, parce que, plus d’une fois déjà, le gouvernement allemand en a introduit de nouveaux dans la discussion, ce qui l’a prolongée au-delà des prévisions premières et lui a ouvert des étapes nouvelles au moment même où on la croyait terminée. La question de la police de la frontière, par exemple, ne semble pas avoir été posée au début : il est même probable que, si elle l’avait été, le gouvernement de la République se serait refusé à aller plus loin. Mais c’est lorsqu’il est déjà allé très loin, que le gouvernement allemand imagine d’autres questions, si simples, parait-il croire, qu’on ne peut faire aucune difficulté à accepter les solutions qu’il y suggère. Sont-elles aussi simples que cela ? En tout cas, elles retardent la conclusion des travaux préliminaires qui doivent avoir pour sanction la réunion de la conférence, et pendant ce temps, la désorganisation fait au Maroc des progrès de plus en plus inquiétans. Au point où en sont les choses entre l’Allemagne et nous, il suffit d’un peu de bonne