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aujourd’hui, car il serait fâcheux d’avoir fait de part et d’autre un travail sans résultats et les conséquences d’un avortement ne seraient pas sans inconvéniens. Nous l’espérons aussi, parce que l’envoi de M. Rosen à Paris indique, comme nous l’avons dit déjà, des dispositions favorables. Mais le moment de conclure est venu.

Les négociations se poursuivent discrètement. On sait toutefois, ou du moins on croit savoir que les points sur lesquels l’accord n’est pas encore fait sont au nombre de quatre, et qu’ils n’ont pas tous une égale importance. Ces quatre points sont les suivans : siège de la conférence, police de la frontière algéro-marocaine, môle de Tanger, emprunt de dix millions récemment contracté par le Sultan. Les deux derniers points appartiennent en propre à M. de Tattenbach ; ils sont son œuvre personnelle et ils ont très malencontreusement compliqué la situation. A la suite de la note du 8 juillet, qui avait manifesté l’accord de la France et de l’Allemagne sur le principe de la conférence et sur les conditions générales dans lesquelles elle se réunirait, il avait été entendu que les agens des deux pays à Fez, c’est-à-dire M. Saint-René Taillandier et M. de Tattenbach, suspendraient leur action l’un et l’autre, et surtout l’un contre l’autre, et ne tenteraient plus rien pour obtenir du maghzen des avantages particuliers. Cela allait de soi : cependant on n’avait pas négligé de prendre dans ce sens des engagemens communs. Nous y avons été fidèles : en a-t-il été de même d’autre part ? Non, certes, puisque M. de Tattenbach n’a jamais déployé plus d’activité que depuis le 8 juillet, et qu’il a obtenu du maghzen, pour des maisons allemandes, les deux concessions rappelées ci-dessus. Nous en avons déjà parlé, et nous n’y reviendrons pas ; cela nous amènerait à récriminer et nous ne le voulons pas ; il y a là toutefois deux atteintes formelles aux assurances que nous nous étions réciproquement données, et par conséquent deux questions nouvelles qui viennent s’ajouter à celles que nous avions déjà à débattre. C’est ce dont nous nous serions passés bien volontiers ; mais à qui la faute si le programme de la conférence, qu’il aurait fallu alléger autant que possible, se trouve surchargé de ce double poids ? Ce n’est pas à nous assurément, et si, ce qu’à Dieu ne plaise ! la conférence venait à avorter pour cet objet particulier, nous serions en droit d’en laisser la responsabilité à ceux qui l’ont encourue. On s’est demandé si M. de Tattenbach avait agi sans instructions. C’est une question qu’il vaut peut-être mieux ne pas approfondir. M. de Tattenbach est de cette espèce d’agens qui faisaient dire autrefois à Talleyrand : « Et surtout pas de zèle ! » Il