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décors, de matières inflammables, avec l’installation permanente, au château même, des employés et de leurs familles et, plus tard, avec l’établissement provisoire, mais infiniment dangereux, de milliers de lampes électriques dans les grands appartenions lors de la visite du Tsar à Versailles, c’est presque miracle qu’un désastre ne se soit point produit. Pour combattre toutes ces causes d’incendie, le château ne disposait que de trois petites pompés à bras. Aujourd’hui même, si le feu venait à prendre quelque importance, les secours locaux seraient absolument insuffisans, un délai de plusieurs heures étant indispensable pour permettre aux pompiers de Paris et à leur matériel d’arriver sur le lieu du sinistre. Aussi, depuis plusieurs années, l’architecte, le conservateur, la municipalité de Versailles, le préfet de Seine-et-Oise, la presse, interprètes du vœu unanime de la population, n’ont-ils cessé de signaler la gravité de ce péril.

Malgré leurs cris d’alarme, on n’avait encore, en 1903, voté aucun crédit : « On ne comprend pas, disait alors une pétition de l’Association artistique et littéraire, comment l’Etat peut rester indifférent, en présence d’un danger dont il serait la première victime… Que l’on ne vienne pas dire que le remède coûterait trop cher ; l’Etat n’a pas cette excuse. Les revenus, tant du service des eaux que des différentes locations dans le Parc et les Trianons, ainsi que les coupes de bois, rapportent plus de 300 000 francs, « — le service des eaux donnant, à lui seul, un revenu net de plus de 250 000 francs, — et l’on hésiterait à dépenser environ la même somme pour empêcher un anéantissement complet. »

Enfin ces réclamations eurent un écho. Sur la somme totale de 200 000 francs, jugée nécessaire pour l’exécution de l’ensemble des travaux de défense contre l’incendie, un premier crédit de 50 000 francs fut voté pour l’exercice de 1904. Il a été renouvelé en 1905. Mais pourquoi procéder à ces travaux avec une aussi peu sage lenteur ? Quoi de plus urgent que de les hâter, de les finir, en ne laissant pas plus longtemps de telles richesses artistiques, de pareils souvenirs à la merci d’un accident qui deviendrait, très vite et fatalement, une catastrophe ?


III

Lorsqu’on prétend que le musée de Versailles « ne répond plus à ce que l’on doit attendre d’un musée d’histoire, » on montre