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Versailles, il ne se fût point attaché un agrément tout particulier à la reproduction, même partielle, de la fête qui y fut célébrée, le 27 août 1739, à l’occasion du mariage de Madame Elisabeth (Madame Première), fille de Louis XV avec don Philippe, duc de Parme, second fils du roi d’Espagne ? Circonscrite dans les parterres du Nord et du Midi et sur la grande terrasse du château, cette fête offrit un superbe décor. On y voyait un temple d’ordre ionique surmonté d’une balustrade décorée des armes de France et d’Espagne ; de chaque côté, s’élevaient, en ailes, deux portiques, divisés en arcades et laissant apercevoir la perspective au travers ; les chiffres du Roi y étaient plusieurs fois répétés en des allégories : la Renommée, la Paix, l’Abondance et plusieurs autres. Les fontaines des Combats des animaux formaient deux motifs s’élevant au-dessus du couronnement de la décoration et représentant, l’un le Tage et la Seine unissant leurs eaux, l’autre la Sagesse et la Vertu soutenant le chiffre du Roi et celui de la Reine. Des allégories complétaient cet ensemble : c’était Jupiter, sur son aigle, commandant à des Cyclopes d’éteindre leurs feux dans la mer et à d’autres de ne s’occuper qu’à forger les traits de l’Amour. Tous les motifs d’architecture étaient peints en marbre blanc enrichi d’attributs d’or ; dans les parties pleines des entre-colonnes étaient des médaillons enrichis de cadres d’or et supportés par des palmes et des branches de lys. Quels beaux effets pourrait-on tirer de ces rééditions du passé !

On entrevoit tout ce qu’il y aurait d’important et d’intéressant à faire à Versailles. Mais il y est quelque chose de beaucoup plus pressé, car, si cette tâche première, et en quelque sorte préjudicielle, n’est accomplie, tout le reste est exposé à s’effondrer, à s’évanouir en un nuage de flamme et de fumée. Vînt-il à disparaître, le musée national, quelques regrets que causât sa destruction, pourrait, ici ou là, être reconstitué. Il n’en est pas de même du château : sa perte serait irréparable. Le croirait-on ? Le palais de Versailles n’est pas encore, à cette heure, en état de défense contre l’incendie, qui le guette depuis plus d’un siècle et dont une simple imprudence pourrait faire tout à coup une cruelle réalité.

Avec la présence quotidienne de l’Assemblée nationale et du Sénat, pendant près de neuf ans (1871-1879), dans une salle dont les dessous et les dépendances étaient encombrés de toiles, de