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certains votes du Congrès de la paix, réclamant le concours des éducateurs contre l’esprit militariste ; il explique que le temps n’est plus où l’école primaire pouvait célébrer le courage guerrier ; il veut qu’on en finisse avec « cette éducation de sauvages. »


Nous ne saurions trop abhorrer la guerre, insiste-t-il, et dans notre enseignement la flétrir. Mais, pour en inspirer l’horreur aux jeunes gens, il ne suffit pas de leur décrire, sans en rien dissimuler, les atrocités dont elle est cause ; il est utile aussi de leur faire comprendre, grâce à des notions d’ordre économique, à quels sacrifices inouïs la crainte des hostilités futures et les préparatifs de la défense condamnent les peuples.


Haine à la guerre ! haine au budget de la guerre ! voilà le programme du nouvel enseignement pacifiste, tel que l’élabore, au seuil du siècle nouveau, M. l’inspecteur général Martel. Depuis lors, son autorité va grandissant : il a succédé l’an dernier, comme directeur de l’Annuaire de l’Enseignement primaire, à cet Alsacien patriote qu’était M. l’inspecteur général Jost.

Adieu, dès lors, la vieille façon d’enseigner l’histoire ! Un congrès d’Amicales proclame, en 1901, que l’on doit « faire revivre, surtout, les luttes du peuple pour conquérir des libertés et des droits, » et qu’au lieu d’ « inculquer à l’écolier un chauvinisme belliqueux, » on doit « faire pénétrer chez lui l’idée d’un tribunal international d’arbitrage. » L’aventureuse pétulance d’un certain nombre de jeunes maîtres s’abrite derrière ce vœu, si modérés qu’en soient les termes, pour concerter la dépréciation de nos gloires militaires. « L’heure se rapproche, déclare allègrement le secrétaire de l’Amicale d’Instituteurs de la Seine-Inférieure, où l’on ne vénérera plus comme des grands hommes ceux issus de la fumée des batailles. » Halluciné par la lecture du Volume, un maître d’école de l’Ain donne le signal des déboulonnemens : sa petitesse se hausse pour braver la colonne Vendôme ; il annonce sa ferme décision d’arracher de son piédestal le « fauve couronné ; » et le Volume, docile, enregistre ce beau geste. L’insulte a des imitateurs : « Napoléon est un assassin, » lit-on dans le Bulletin des anciens élèves de l’École normale de la Seine ; et M. Clémendot, qui représente au conseil départemental les instituteurs de l’Yonne, écrira plus tard, dans la Revue de l’Enseignement primaire, que Vacher, l’étrangleur de femmes, « était un ange par rapport à Napoléon. » Trop longtemps l’enseignement « aveugle et inconscient de l’histoire » fut