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que l’expression de nos respectueux sentimens parvienne à Votre Majesté par son extrême bonté.

« Nous sommes, Sire, de Votre Majesté les très humbles, très obéissans et très fidèles serviteurs et sujets : Louis-Philippe de Bourbon, Duc d’Orléans, — Antoine-Philippe de Bourbon, Duc de Montpensier, — N. de Bourbon, Comte de Beaujolais. »

Quoiqu’en envoyant cette lettre à Monsieur, les princes d’Orléans l’eussent autorisé à y faire les changemens qu’il jugerait nécessaires, il n’y trouva rien à reprendre. Elle lui parut donner entière satisfaction aux légitimes exigences du Roi. Il n’éprouvait que le regret de ne pouvoir la publier. Mais il avait promis qu’elle ne le serait pas, et il devait tenir sa promesse. Il se contenta donc, après l’avoir communiquée aux ministres britanniques, « qui l’approuvèrent, » et à l’ambassadeur russe dont il prenait l’avis en toutes les circonstances graves, d’en donner lecture au duc de Bourbon, à cinq ou six ducs et pairs, à l’archevêque de Narbonne, à l’évêque d’Arras, à M. de Barentin et au marquis de Blangy, réunis chez lui à « et effet. Les voyant partager sa satisfaction, il invita le duc de Bourbon à rendre visite à ses cousins et la noblesse française résidant à Londres à leur offrir ses respects comme aux premiers princes du sang, « ce qui fut exécuté avec empressement. » Quelques jours plus tard, il les présentait en Roi et à la reine d’Angleterre, les invitait à dîner, et ainsi achevait de s’opérer une réconciliation que la réponse du Roi aux princes d’Orléans allait bientôt rendre définitive.


II

Tandis qu’elle s’accomplissait à Londres, le général Dumouriez, qui en avait été le principal instigateur, se trouvait depuis un mois à Saint-Pétersbourg où l’avait mandé le Tsar. En s’y rendant, il avait passé par Mitau. Il est piquant de constater que la présence de ce nouveau converti y avait causé plus d’embarras que de satisfaction.

« Il arriva hier, écrit d’Avaray le 6 janvier 1800, accompagné de deux aides de camp, car il faut bien faire claquer son fouet ; malheureusement, c’est le Roi qui fait les frais de cet étalage. Lorsque son arrivée nous fut annoncée, je prévis qu’elle étonnerait, indisposerait notre nombreuse colonie, et