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du 8 juillet au lieu d-3 l’envoyer, et de faire parler au lieu d’écrire. Enfin, il se rendit justice. Il écrivit à M. de Montjoye que j’avais supprimé l’acte et le pria de lui indiquer une voie sûre par laquelle il pût le lui renvoyer lorsqu’il l’aurait reçu. M. de Montjoye lui répondit qu’il était inutile de le lui renvoyer, parce qu’il ne voulait pas se charger de le rendre au prince. »

Par suite de ces circonstances, au moment où le Duc d’Orléans lisait à Londres la lettre de Dumouriez, sa déclaration qu’il croyait dans les mains du Roi était encore dans celles de d’Avaray, qui n’attendait pour la lui restituer, ainsi qu’on le verra plus loin, que de connaître le résultat de la mission du général auprès de lui. Dans cette croyance, il avait lieu de s’étonner qu’en dépit d’une manifestation si formelle des opinions qu’il professait en 1796, le Roi lui fît aujourd’hui de nouvelles avances.

Du reste, tout était mystère pour lui, quant aux causes et aux origines de cette démarche inattendue. De la conversion même de Dumouriez au royalisme d’ancien régime, dont la lettre de ce général lui apportait une preuve éclatante, il ne savait rien ; il en entendait parler pour la première fois. Il ne comprenait pas davantage à quel propos Dumouriez, à peine rentré en grâce, s’était fait son défenseur auprès de Louis XVIII, s’était chargé de dissiper les malentendus qui avaient trop longtemps retardé une réconciliation nécessaire. Ces choses encore mystérieuses pour lui devaient lui être expliquées plus tard par Dumouriez lui-même ; il devait apprendre bientôt pourquoi une j lettre, qu’au lendemain de la mort de Louis XVII il avait écrite à son successeur, était restée sans réponse ; que si le nouveau Roi s’était abstenu d’y répondre, c’est qu’il ne l’avait pas reçue et que c’était même dans les explications échangées à ce sujet entre Dumouriez et Thauvenay, l’agent du Roi à Hambourg, que le comte d’Avaray avait puisé la conviction que le dernier mot du jeune prince n’était pas dit, qu’une tentative nouvelle pour le ramener à son devoir avait chance d’aboutir.

« L’assurance positive que vous donna M. Dumouriez dans votre entrevue, mandait d’Avaray à Thauvenay, le 15 septembre 1799, suffisait pour rassurer le Roi sur tout ce que l’on débite de la faction d’Orléans ; les raisons qu’il a détaillées dans sa lettre sont décisives et le Roi les a lues avec autant de satisfaction que d’intérêt. Mais ce qu’il dit de la lettre écrite au Roi par M. le Duc d’Orléans après la mort de Louis XVII nous a