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ses cloisons d’acajou ! Les revêtemens des murs sont de bon carrelage, — mais insuffisamment jointe, ici comme partout à Londres, — et le sol est fait d’un aggloméré fragile, mais lavable. D’ailleurs, le London est en avance sous ce rapport. C’est le seul hôpital où du linoléum appliqué sur le plancher permette de laver le sol dans les salles. Partout ailleurs, excepté à Saint-Thomas où ce produit vient de faire une première apparition, on s’en tient au parquet ciré, joli à voir, s’il est neuf, mais impossible à nettoyer autrement qu’à sec. Quant à chercher pour les salles un autre mode de pavage que le bois, on n’y a, que je sache, jamais songé…


Cet inconvénient m’a plus que jamais frappée aujourd’hui, au cours d’une visite au « Brompton Hospital for Consumption, » hôpital spécial de tuberculeux, sorte de sanatorium établi en plein Londres. Les bâtimens et jardins qui le composent, séparés par une avenue publique — Fulham Road — sont reliés par un souterrain.

Il est trois heures. Le docteur Mackenzie, l’un des médecins en chef, fuit en ce moment sa visite : je le rejoins au premier étage, dans le service des femmes. De vastes galeries claires et de petites salles-contenant peu de lits, 87 dans tout l’étage. C’est joli et gai. Mais où est l’hygiène ? Une femme balaie, soulevant devant nous la poussière sur le parquet ciré. J’en fais la remarque au docteur qui ne paraît y attacher aucune importance. Je lui demande s’il existe une buanderie dans l’hôpital : « Non, on brûle les mouchoirs après l’usage : c’est moins coûteux. » Singulière économie ! Il est vrai que ces mouchoirs sont de cotonnade si mince qu’ils ne résisteraient peut-être pas à un blanchissage.

Les services généraux sont très complets : les médecins, le secrétaire-surintendant, la directrice, ici « lady-superintendent » et les nurses, sont bien partagés. Bureaux, laboratoires, salons et salles de bains. La directrice me conduit dans le quartier réservé aux « out-door patients, » malades venant du dehors. Bonne organisation, et qui devrait être plus répandue dans Londres où la tuberculose fait tant de ravages, sans qu’on ait tenté autre chose pour la combattre que le sanatorium. Les dispensaires spéciaux sont à peu près inconnus. Et je ne crois pas qu’on songe à en organiser, tant l’effort se porte