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mais des catégories de personnes ayant commis les délits. Ainsi l’on remarque, et c’est une leçon toute pratique, que si les malades ont brisé un nombre innombrable de choses, — 173, si je ne me trompe, — les « probationers » viennent ensuite, ayant dépassé la centaine, puis les « staff-nurses, » et enfin, ô honte, les « sisters » elles-mêmes, avec un très petit chiffre heureusement. Et je me reporte à la brochure que m’avait envoyée sir S. H…[1], où le sujet est traité joliment, d’un ton léger et insistant qui est la caractéristique de ces petites conférences.


Prenons pour exemple miss Slap-dash[2], probationer, une jeune personne bien intentionnée et sans souci. Elle entre dans son service et son premier devoir est de prendre les températures. Elle oublie le thermomètre sous le bras d’un malade, et il se casse. Ou bien, en faisant descendre le mercure, elle heurte l’instrument, et il se brise : « Vraiment ces thermomètres sont bien fragiles, à présent ! » Voilà sa seule réflexion. Coût : 1 fr. 50. Elle va pour nettoyer une table et ne remarque pas qu’une seringue de verre y a été laissée. Nouvelle casse : « Au diable la seringue ! Quelle négligence de l’oublier là ! » Coût : 0 fr. 60.


Et l’énumération continue, familière et simple, de nature à faire rentrer en soi-même la jeune infirmière qui se sent visée.

Ces causeries seraient à traduire en entier, non qu’elles nous apprennent beaucoup sur la matière, mais pour l’idée très juste qu’elles nous donnent des rapports existans entre chefs et subalternes et de l’idéal proposé au personnel hospitalier, de cet idéal surtout, du type rêvé, du « standard, » l’intraduisible mot qui maintient si haut en Angleterre le point d’honneur de tant de corporations. L’auteur met toute son adresse à y viser. Il énumère les avantages et les supériorités du London Hospital et de son enseignement, dessine un portrait achevé de l’infirmière modèle :


Lorsque vous aurez fait tout votre possible quant à votre instruction professionnelle, c’est à chacune de vous de décider si vous voulez ou non être une vraie infirmière, si vous voulez réussir dans votre profession, si vous voulez être dignes de votre école et de votre hôpital, et, ce qui est bien plus important que tous les succès extérieurs, si vous voulez faire honneur à votre idéal intime le plus élevé, à la conscience de ce que vous pourriez être si vous répondiez à cet appel de votre moi meilleur qui se fait entendre par intervalles à chacun de nous, comme un message direct d’un Dieu tendre et aimant. Il dépend de chacune de vous de rester à la hauteur de

  1. Two talks to the nurses of the London Hospital, by Sr Sydney Holland.
  2. Mlle Brise-tout.