Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 28.djvu/897

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On y a évité l’écueil contre lequel font naufrage presque tous les conférenciers-médecins professant aux nurses : trop de notions techniques, une science qui ne s’assimile pas, trop de théorie, au détriment de la pratique. Le docteur S…, l’autre jour, insistait devant moi sur le sujet, citant des faits à l’appui. Telle infirmière, documentée peut-être sur les streptocoques, ne songeait pas à appliquer les règles de l’asepsie à sa propre personne ; telle autre, trop prête à discourir sur des questions purement médicales, en oubliait la discrétion professionnelle, premier devoir d’état d’une infirmière. Et ceci est fréquent.


Une question me poursuit. Quel est le sort d’une infirmière anglaise en cas de maladie, ou de simple chômage, et que devient-elle lorsque, après s’être dépensée vingt années, elle n’a plu8 de forces pour continuer ? On m’a conseillé pour en être instruite de m’informer auprès du secrétaire d’un bureau de la Cité : « Royal national pension fund for nurses, » 28, Finsbury Pavement, London E. -G. Je me rends donc au bureau en question où me reçoit M. D…, un homme d’affaires très expert : « Que désirez-vous savoir ? » J’énumère mes questions. Le secrétaire réfléchit un instant, puis, comme entrée en matière : « Je dois poser tout d’abord en principe que nous n’envisageons ici que le côté commercial de la question. Or, à l’heure actuelle, la valeur commerciale (sic) d’une garde-malade à Londres est plus élevée qu’elle ne l’est ailleurs, à Paris, par exemple. Une infirmière sortie de l’hôpital, munie du certificat de quatre ans[1], peut faire aisément cinquante francs par semaine, davantage s’il s’agit de cas contagieux. Elle travaille en moyenne trois semaines sur quatre, ou neuf mois sur douze ; son gain se monte donc au moins à 1 800 ou 2 000 francs par an.

« Et cela, toutes dépenses défrayées pendant ses gardes : nourriture, blanchissage, etc. Vous voyez quelle peut aisément prélever chaque année la prime nécessaire à une assurance de retraite. Quant aux secours de chômage-maladie, ils dépendent d’une caisse distincte, alimentée par des souscriptions bénévoles : elle est riche et le fonds en grossit tous les jours. »

La retraite peut être obtenue à 50, 55 ou 60 ans, selon qu’on a adhéré à telle ou telle convention. Des barèmes sont établis à

  1. Les stages de moindre durée ne sont plus considérés dans la profession.