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clinique dans les services ; 586 lits, plusieurs milliers de malades externes fournissent chaque année le champ d’observation.


Après le Saint-Thomas, nous visitons Guy’s Hospital, le plus luxueux des hôpitaux généraux, le paradis des nurses, légendaire dans la profession. Leur home « Henriette Raphaël, » tout battant neuf, aux escaliers de marbre, aux salons multiples (treize sitting-rooms de différentes catégories ! ), aux vastes dépendances, possède, outre les salles de bains nombreuses (une pour huit infirmières), une immense piscine aménagée dans le sous-sol. On perçoit en y descendant, les cris joyeux des nageuses qui se délassent ainsi de leurs fatigues journalières… Et tout cela est clair, éclatant, luxueux. On y a mis quelque 60 000 livres sterling, et l’inauguration est l’événement de l’année. « 260 personnes logent dans cette maison, dont 157 postulantes et 57 infirmières en titre. »

Les filles de service et des femmes chargées des gros ouvrages logent aussi dans les bâtimens de l’hôpital. Les autres établissemens hospitaliers les font venir du dehors. A Saint-Thomas, elles travaillent de six heures du matin à deux heures de l’après-midi, et de cinq heures à huit heures, et reçoivent 12 shillings par semaine (14 fr. 40).

Les règles des infirmières y sont analogues à celles des autres hôpitaux, très caractéristiques, je crois, de l’esprit anglais, fait de méthode et de poésie, de confortable et de mysticisme, la constante antithèse de ce peuple, du haut en bas de l’échelle sociale.

La directrice de tout ce monde est bien près d’être un personnage. L’entrée auprès d’elle, gardée par des surveillantes de confiance, ne s’accorde qu’à bon escient. Le désir de m’instruire m’ouvre la porte, et je n’ai pas à le regretter. Miss S… m’a conseillé la lecture de deux volumes consacrés à l’enseignement des infirmières. Un des deux surtout, Handbook of nursing[1], me semble supérieur à tous les manuels déjà lus. Non pas qu’il soit sans lacunes : la perfection est malaisée en cette complexe matière, mais ici du moins les principales qualités se trouvent réunies, qui d’or linaire font défaut à ce genre de littérature : concision et clarté, presque rien de trop en science théorique et presque assez pour la pratique, c’est, à peu près, la juste mesure.

  1. By miss Oxford. Methuen and C°, London.