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actuellement, près de 2 500 jeunes gens de toutes les provinces étudient dans les écoles et les universités japonaises et s’assimilent les sciences européennes dans les livres nippons ; la durée des études est généralement de trois ans pendant lesquels les étudians reçoivent de 300 à 400 taëls par an (960 à 1 280 francs). Au Japon, les jeunes Chinois sont accueillis avec une cordialité familière et prévenante ; une association spéciale s’est formée à Tokio parmi les étudians pour faciliter à leurs camarades chinois leurs études et leur vie matérielle ; partout les Chinois sont traités comme des frères un peu arriérés, attardés dans des routines surannées et qu’il s’agit de réveiller, d’aider à sortir de l’ornière ; cette camaraderie protectrice est tout à fait symbolique des relations actuelles du Japon avec la Chine. Plus encore que, leur bon naturel, c’est une notion très précise de leurs intérêts et un sentiment très hautain de leur supériorité qui inspire aux Japonais ces sentimens de frères aînés ; ils aspirent à la tutelle de toute la race jaune ; après l’avoir délivrée des Européens, ils espèrent lui assurer un jour l’hégémonie du globe. Une puissante association s’est fondée au Japon, sous les auspices du prince Konoé et de M. Nagaoka, sous le nom significatif de Société pour les pays d’Extrême-Orient ayant même civilisation ; la Toadobunkaï s’est donné pour mission de rapprocher les peuples de race jaune, d’étudier et de publier sur chacun d’eux des renseignemens précis et de préparer entre eux une fédération morale et politique sous le haut patronage du Japon ; l’association subventionne des journaux et des écoles ; elle a ouvert en Chine trois écoles, à Fou-tcheou, à Svatao et à Chang-hai : dans les deux premières, ce sont de jeunes Chinois qui étudient d’après les méthodes japonaises ; dans la troisième, plus de 150 jeunes Japonais viennent s’initier à la langue et aux questions économiques et politiques concernant la Chine ; en 1902, 142 de ces jeunes gens se destinaient au commerce, 27 à la politique. D’autres écoles japonaises encore ont été créées en Chine : à Paoting, un collège japonais-chinois, avec dix professeurs de chaque nationalité, a été ouvert en octobre 1902 ; d’autres écoles du même genre existent à Tsin-kiang ; à Hoai-ngan, une école d’agriculture, avec 4 professeurs japonais, compte 80 élèves.

On ne manquerait pas de noter l’affluence toujours plus grande de candidats à ces écoles japonaises, soit au Japon, soit en Chine, et la facilité avec laquelle les étudians s’assimilent les