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forestier, réglementation nouvelle des inhumations, de l’arrosage, de l’éclairage, du service médical, refonte des impôts, réorganisation municipale et jusqu’à la réglementation des offices sacrés ; je passe sur cent autres réformes qui d’ailleurs étaient condamnées à rester platoniques.

Le 11 juin, on avait décidé d’abattre les armoiries des papes placées au fronton des édifices publics ; abeilles des Barberini et boules des Médicis, fleurs de lys des Farnèse et colombe des Pamfili, monts des Albani et tour des Orsini et jusqu’au dragon Borghèse inscrit aux armes de la sœur de l’Empereur, allaient donc disparaître, et, avec elles, les lourdes tiares de pierre ; les stemmes ne disparurent que sur le papier : on entendait faire illusion à Paris. Par une étrange suite, on ne devait précisément démolir, — au-dessus de la porte du Quirinal, — que les armes des Borghèse : Pauline, nièce ingrate, ne put préserver le fastueux Paul V de cet outrage posthume.

En revanche on donna une particulière importance à l’abolition de la « Sacrée inquisition romaine. » Elle avait, aux yeux des Français, un effroyable prestige. « Plus de bûchers, » avait dit naïvement Bonaparte. En toute bonne foi, certains Français croyaient qu’on brûlait un hérétique ou tout au moins un juif par mois à Rome. C’était, au contraire, le seul lieu où l’on n’en eût jamais brûlé. Le Saint-Office résidait en un bureau de la Chancellerie où des scribes râpés écrivaient contre des hérétiques sans lustre des rapports que les prélats ne lisaient point. On ferma le bureau. Le monde apprit par le Journal du Capitule que la Consulte avait « détruit les bûchers, vengé Galilée et rompu des chaînes indignes. »

Puis on ouvrit le Guetto.

Enfin on décidait l’enlèvement des archives du Vatican, geste symbolique et entreprise absurde, destinée à bien marquer que, même par ces chartes séculaires, la papauté ne devait plus jouer aucun rôle à Rome. Ces témoins du passé, papiers jaunis, s’en allèrent s’entasser, inutiles, négligés et menacés, sous la colonnade de l’hôtel de Soubise.


Restait le personnel même de l’ancien gouvernement et, au premier rang, le Souverain Pontife toujours enfermé dans le Quirinal. On sait assez que, dans la nuit du 5 au 6 juillet, Pie VII en fut brutalement enlevé par le général Radet, à la tête de