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intermédiaires qui s’en étaient chargés. Il fut décidé qu’à l’avenir, on soumettrait les « affaires d’or, » qui ne méritaient ce nom qu’au regard de leurs créateurs, à une police non correctionnelle mais préventive, lorsqu’elles se présenteraient à la colonnade de la Bourse.

Cent vingt « coulissiers du comptant » négocient à l’heure actuelle, sous le péristyle, les titres non admis à la cote officielle. L’exercice de leur profession exige un capital assez sérieux, et leurs opérations comportent moins de risques que celles des coulissiers à terme. Ceux-ci se divisent en deux catégories : « inscrits » ou « non inscrits. » Les premiers forment un syndicat de 94 membres, appelés « coulissiers à la feuille, » parce qu’avant chaque liquidation, ils versent à la caisse sociale une provision en espèces, à titre de paiement anticipé de leurs différences éventuelles. La couverture que ces derniers se donnent ainsi réciproquement est de 100 000 francs, pour ceux qui négocient l’ensemble des valeurs non cotées, et de 25 000 francs pour ceux qui ne traitent que la rente française.

À ces derniers, — une quarantaine environ, — la possession d’un fonds de roulement assez faible suffit pour s’établir. Le peu de surface qu’ils offrent ne nuit pas à la nature limitée de leurs affaires. Leurs cliens, spéculateurs au jour le jour, ne travaillent presque exclusivement que sur des « différences » à encaisser ou à payer. Ils ne livrent ni ne lèvent aucun titre en liquidation. Tels sont par exemple les « échelliers, » ainsi nommés parce qu’ils montent en quelque sorte les degrés de la cote : ils achètent de la rente « ferme » et en revendent le double « à prime, » à un cours quelque peu supérieur. En cas de hausse, ils achètent à nouveau du ferme et revendent de nouvelles primes, à un échelon plus élevé. Opération mécanique et très agréable si les cours, dans leurs oscillations, ne venaient brusquement la troubler et n’infligeaient en un jour, aux laborieux échelliers, une perte supérieure à leurs bénéfices de plusieurs mois. Quelle que soit l’ampleur de la coulisse des rentes, le marché officiel conserve toujours un contrôle sur elle. C’est par l’intermédiaire des agens de change que se liquident, en fin de mois, les positions, et que se font tous les transferts. De plus, les cours du terme ne peuvent guère s’écarter beaucoup de ceux du comptant qui leur servent de régulateurs et dont le parquet a le monopole.

Le marché libre, dans sa cote particulière, ne mentionne pas