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pourrons la reprendre pendant et après la conférence, nous le saurons à la conférence même : les documens qui viennent d’être publiés ne nous donnent à ce sujet que de faibles lumières. M. Rouvier les a accompagnés d’un commentaire. L’Allemagne, a-t-il dit, « ne met pas en cause nos accords avec l’Angleterre et l’Espagne, » et il a expliqué que ces accords n’engageant les unes envers les autres que les puissances qui les ont faits, aucune autre ne pouvait y faire d’objection, de même qu’on ne pouvait en tirer argument contre aucune autre. Soit. Sans donc en parler aujourd’hui davantage, nous espérons qu’à la conférence, nos arrangemens amèneront les trois puissances avec lesquelles nous les avons conclus à nous prêter fidèlement le concours de leur diplomatie. Nous disons les trois puissances, bien que, dans son discours, M. Rouvier n’ait parlé que de l’Angleterre et de l’Espagne, car il y a aussi l’Italie. Si nos accords ont gardé toute leur valeur, comme M. Rouvier le dit et comme nous n’en doutons pas, l’entente des quatre puissances le prouvera. Notre modération rendra d’ailleurs cette entente facile : évidemment, toute une partie des projets que nous avons pu former au sujet du Maroc doit être pour le moins ajournée. La note du prince Radolin contient un paragraphe de plus que celle de M. Rouvier ; mais, dans son discours, M. Rouvier a repris pour la confirmer l’affirmation faite par M. l’ambassadeur d’Allemagne, que les représentans des deux puissances au Maroc donneront, d’un commun accord, des conseils au Sultan en vue de la fixation du programme de la conférence. Le Sultan sera sans doute frappé de l’ironie inhérente aux choses européennes, quand il verra ce commun et parfait accord de la France et de l’Allemagne pour lui prodiguer les mêmes conseils. L’expérience seule montrera, en ce qui nous concerne nous-mêmes, si cette action commune n’est pas sans inconvéniens.

Quoi qu’il en soit, les préventions qui, du côté de l’Allemagne, semblent être entrées pour une si grande part dans les derniers événemens, sont aujourd’hui dissipées. C’est l’œuvre propre de M. Rouvier : il l’a accomplie avec résolution et il a atteint son but. Nous y avons mis du nôtre, assurément ; mais ne fallait-il pas le faire ? La glace est rompue et de bonnes relations sont établies entre les deux gouvernemens. La situation est nouvelle : il ne reste qu’à en tirer parti.

La Chambre a voté le 3 juUlet la loi qui sépare l’Église de l’État. La majorité a été de 108 voix. Quelques personnes s’étaient fait l’illu-