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Parmi tous les errans vous choisissez mon âme,
Vous attirez à vous cette plaintive sœur,
Et les gestes fervens de vos mains sur mon cœur
Sont les soins ingénus que mon laurier réclame.

— Je ne veux rien de plus vivace, glorieux,
Que votre doux appel innocent et champêtre,
Vous qui serez encor quand j’aurai cessé d’être,
Echos de mes plaisirs et reflets de mes yeux !

Pour que vous ne soyez ni craintifs, ni farouches,
Je fais semblant de rire et je parle en jouant.
Et la chère candeur de vos lumineux ans
Boit les gouttes d’un miel qui pleure sur ma bouche.

Adolescens des soirs, que j’aime votre émoi !
Sur mes feuillets ouverts laissez couler vos larmes,
O vous dont c’est la force et l’ineffable charme
D’avoir quelques années déjà de moins que moi...

Ctesse MATHIEU DE NOAILLES.