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Rose de laque rose, ô vase balancé
Où bout un parfum tendre,
Où le piquant frelon doucement convulsé
Sent son âme s’épandre.

Rose, fête divine au reflet argentin.
Sur la pelouse éclose.
Orchestre de la nuit, concert dans le jardin.
Feu de Bengale rose !

Rose dont la langueur s’élève, flotte ou pend,
Tunique insaisissable,
Que ne peuvent presser les lèvres du dieu Pan
À genoux sur le sable,

Rose qui, dans le clair et naïf paradis
De saint François d’Assise,
Seriez, sous le soleil tout ouvert de midi,
Près de sa droite assise !

Rose des soirs d’avril, rose des nuits de mai,
Roses de toute sorte,
Rêveuses sans repos qui ne dormez jamais
Tant votre odeur est forte.

Fleur des parcs écossais, des blancs cloîtres latins,
Des luisantes Açores,
Vous Qui fûtes réée avant Eve, au matin
De la plus jeune aurore.

Rose pareille au ciel, au bonheur, au lac pur,
À toute douce chose,
Rose faite de miel, et faite d’un azur
Qui est rose, ma Rose !…


LES ADOLESCENS


Je le sais, au moment du tendre jour tombant
Quand l’heure un peu s’attarde avant la nuit prochaine,
Et qu’un vent délicat langoureusement traîne
La branche d’un sureau sur la tiédeur du banc,