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La gloire entre mes bras se pâme,
Être un rossignol qu’on acclame !
— Ah, dans l’air doux quel nonchaloir, —
Tous les héros passent ce soir
Sous la porte d’or de mon âme...


ÉLOGE DE LA ROSE


Quelle tranquillité dans un jardin, le Temps
Est là qui se repose ;
Et des oiseaux sont là, insoucians, contens,
Amoureux de la rose,

De la rose charmante, à l’ombre du rosier
Si mollement ouverte.
Et qui semble la bouche au souffle extasié
De cette saison verte.

Il fait à peine jour, toute la maison dort
Sous son aile ardoisée,
Quand les fleurs du parterre ouvrant leur coupe d’or
Déjeunent de rosée.

De blanches, jaunes fleurs ! c’est un peuple divin
Parqué dans l’herbe calme,
Le mol acacia fait sur le gravier fin
Un bercement de palme.

Les fleurs du marronnier, cônes de parfums blancs.
Vont lentement descendre
Pour entourer les pieds du Printemps indolent
D’aromatique cendre.

O douceur des jardins ! beaux jardins dont le cœur
Avec l’infini cause.
Régnez sur l’univers par la force et l’odeur
De la limpide rose,

De la rose, dieu vert, petit Eros joufflu
Armé de courtes flèches,
A qui les papillons font un manteau velu
Quand les nuits sont plus fraîches.