Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 28.djvu/401

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les chiffres les plus modestes. A Saint-Thuriau, Morbihan, le domestique de ferme ne gagne que 150 à 200 francs ; mais, en sus du prix convenu, son maître lui accorde habituellement quelques paires de sabots, trois chemises de toile, deux blouses.

On me pardonnera quelques chiffres. Hausse de 450 pour 100, à Lurais, Indre ; de 550 pour 100, de 1793 à 1900, à Ménétréols, Indre ; de 400 pour 100 pour les hommes, et de 300 pour 100 pour les femmes, à Savigny-en-Braye (Loir-et-Cher) ; de 850 à 400 pour 100 à Marthod (Savoie) ; de 400 pour 100 à Saint-Eusèbe (Saône-et-Loire) ; de 300 pour 100 à Moulins (Deux-Sèvres) ; de 330 pour 100 à Houécourt (Vosges). Les gages ont quintuplé à Châtillon-sur-Marne ; quadruplé à Chermisey (Vosges), et à Jouy-le-Châtel (Seine-et-Marne), triplé dans les Landes, à Mousterus (Côtes-du-Nord), et à Sainte-Bazeille (Lot-et-Garonne) ; la hausse en Normandie ne paraît pas avoir dépassé 150 à 200 pour 100. A Arles (Bouches-du-Rhône), les gages ont suivi cette progression :


Catégories 1820 1850 1870 1898
Charretiers 250 400 450 à 500 600 à 650
Maîtres-valets 150 500 600 à 900 900 à 1 100
Valets de ferme 100 300 350 500
Maîtres-bergers 200 350 400 à 450 600 à 650
Bergers 120 280 300 à 350 500
Servantes 120 200 240 à 300 400

Le salaire à la tâche s’améliore-t-il dans la même proportion ? Ici les renseignemens se font plus rares. A Riceys, Aube, un ménage de vignerons gagnait, en 1800, 416 francs ; en 1860, 466 francs ; en 1870, 566 francs ; en 1900, 821 francs. De 1800 à 1850, il soignait 2 hectares et demi de vignes, il n’en soigne plus que 2 hectares.

Si l’on tient compte du changement produit par les outils dont se servent les tâcherons, la faucille remplacée par la faux ou la sape, la fatigue grandement réduite, le salaire du moissonneur peut être regardé comme ayant presque triplé ; si l’on ne fait pas entrer ces élémens en ligne de compte, l’amélioration paraît bien moindre. Ainsi, dans l’Oise, en 1836, le moissonneur recevait 125 litres de blé par hectare fauché ; aujourd’hui, il reçoit 175 à 200 litres. Mais la faux a simplifié sa besogne, un bon ouvrier coupe par jour 18 ou 20 ares à la faucille, 40 à