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et des instrumens nécessaires au vignoble, partage la récolte avec le propriétaire. Dans la Haute-Garonne nous remarquons la culture au métayage par maître-valet ; celui-ci a la surveillance, non la direction, doit obéir au patron, et ne supporte que la responsabilité de l’exécution matérielle. Semences, bétail de croît et de labour, outils, instrumens aratoires, tout est fourni par le propriétaire ; quant à la rémunération du maître-valet, elle comprend un salaire fixe, payé presque toujours en nature, et certains avantages aléatoires, fruits, bétail, volaille, œufs. Ainsi à Villenouvelle, Haute-Garonne, le salaire du maître-valet est de six sacs par homme : trois sacs de maïs, trois sacs de froment, plus un dixième de la récolte du blé pour toute la famille, et comme avantages, la moitié de la récolte du maïs, la moitié des produits du bétail et de la volaille. Le maître-valetage offre donc la physionomie d’un métayage restreint, où le maître-valet, bien qu’ayant un salaire fixe, est intéressé à la bonne exploitation du sol.


II. — CONDITION MATÉRIELLE DES CULTIVATEURS

Il ne se bâtit plus guère de maisons neuves dans les villages exclusivement agricoles, et l’on démolit trop souvent les maisons de ceux qui, infidèles à la terre, la quittent, disant sans doute comme ce personnage de Tourguenef : « Ma terre a l’air de ne plus guère tenir à moi. » En revanche, le logement des cultivateurs a fait de grands progrès : il reste beaucoup à réaliser sous le rapport de l’aération et de l’éclairage, mais presque partout, les maisons à la campagne ont un plancher, tandis qu’il y a soixante ans, le sol n’était recouvert que d’argile battue ; le chaume disparaît des toitures, beaucoup de maisons en Savoie ont des petits trottoirs sur le devant ; le ménage est tenu avec plus d’ordre et de goût. Chez les cultivateurs aisés, il n’est pas rare de rencontrer une salle à manger distincte, utilisée pour les seules fêtes, et une chambre à coucher pour les hôtes de passage, où l’on entasse les meubles neufs, les cadeaux, la pendule garantie par un globe de verre, une garniture de lit fort complète ; l’abondance n’est-elle pas la forme primitive du luxe ?

L’alimentation s’est grandement améliorée, surtout depuis quarante ans, au profit de tous. Au temps où j’étais sous-préfet de l’arrondissement de Blaye, la beauté mâle, l’air de vigueur