Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 28.djvu/367

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pantaleoni, — car il y en a deux du même jour, 22 mars 1861, — font allusion à la discussion qui va s’ouvrir. Dans l’une :


Je vous écris ces deux lignes pour vous avertir que, la semaine prochaine, devant répondre aux interpellations qui me seront adressées sur les affaires de Rome, je m’abstiendrai de parler des négociations entamées ; mais je répéterai que le gouvernement croit que la liberté est pour l’Église et pour l’État la seule garantie réciproque et efficace de dignité et d’indépendance[1].


Et dans l’autre : ,


J’augure bien de la discussion qui aura lieu la semaine prochaine au Parlement. Les principes de liberté auront de chauds et éloquens défenseurs ; ce qui prouvera aux hommes de bonne foi qui sont à Rome la sincérité de nos intentions et la loyauté de notre conduite.


Cavour se rit des inquiétudes du docteur :


Adieu, mon cher Pantaleoni, j’espère que vous passerez tranquillement les fêtes de Pâques et que nous ne serons pas obligés d’aller vous délivrer des cachots de l’Inquisition[2].


Mais les pressentimens de Pantaleoni ne le trompaient pas, et, depuis la veille, 21 mars, il avait notification de la sentence qui l’exilait. L’affaire se terminait par une faillite. Cela n’empêcha point le grand ministre, dans le discours qu’il annonçait et qu’il prononça le 27, de dire plus haut et plus fort que jamais : « L’Église libre dans l’État libre. Libera Chiesa in libero Stato. »


III

Maintenant, tâchons de saisir la pensée derrière la formule. Si elle est quelque part, cette pensée de Cavour, elle est dans les instructions données par lui à ses hommes de confiance, Pantaleoni et le Père Passaglia : dans la lettre du 28 novembre-1860, contenant en annexe les propositions de Pantaleoni, annotées, approuvées ou corrigées ; dans celle du 21 ou du 22 février 1861, que le Père Molinari promena vainement de Turin à Naples, mais qui devait servir de lettre de créance, et à laquelle était joint un capitolato où Cavour lui-même avait, résumé ses conditions et comme marqué sa position. Le 28 novembre, le président du Conseil écrit :

  1. L’Idea italiana, Documenti. XXXIV, Cavour à Pantaleoni, 22 mars 1861, p. 204.
  2. Ibid., XXXV, p. 205-206.