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et vos fils dévoués, nous venons vous l’offrir en toute sa plénitude ; nous sommes prêts à proclamer en Italie le grand principe : l’Église libre dans l’État libre.

« Vos amis de bonne foi reconnaissent comme nous l’évidence, ils reconnaissent que le pouvoir temporel tel qu’il est ne peut subsister. Ils viennent vous proposer des réformes que vous. Pontife, vous ne pouvez faire ; ils viennent vous proposer de promulguer des ordonnances, où sont contenus des principes qui ne s’accordent pas avec les maximes dont vous devez être le gardien ; et ces amis insistent toujours et continuent à vous reprocher votre obstination : vous opposez une résistance opiniâtre, et vous faites bien ; je ne vous blâme pas, quand, à ceux qui vous reprochent de n’avoir pas une armée fondée sur la conscription, vous répondez que vous ne pouvez imposer le célibat forcé à des jeunes gens de vingt à vingt-cinq ans, à l’âge des plus fortes passions, je ne vous le reproche pas ; quand vous refusez de proclamer, vous, la liberté religieuse, la liberté d’enseignement, je vous comprends ; vous devez enseigner certaines doctrines, et par conséquent vous ne pouvez pas dire qu’il est bien que tous enseignent toute espèce de doctrines ; vous ne pouvez pas accepter les conseils de vos amis de bonne foi, parce qu’ils vous demandent ce que vous ne pouvez donner, et vous êtes forcé de rester dans cette situation anormale de père des fidèles obligé de maintenir sous le joug des peuples avec des baïonnettes étrangères, ou d’accepter le principe de liberté loyalement, largement appliqué dans l’aînée des nations de la race latine, dans le pays où le catholicisme a son siège naturel. »

Il me paraît impossible, messieurs, que ce raisonnement, que cette proposition, faite en toute sincérité, en toute loyauté, ne soit pas favorablement accueillie.

Que ces propositions soient sincères, cela ne peut être mis en doute. Je ne fais point de personnalités ; toutefois je pourrais rappeler à ceux de mes collègues qui faisaient partie des autres Parlemens, je pourrais leur rappeler qu’à la fin de l’année 1850, peu de jours après avoir été élevé au rang de membre du Conseil de la couronne, je proclamais franchement ce principe, quand je repoussais la proposition d’ « incamérer » les biens du clergé, et de le rendre salarié et dépendant de l’État.

Je rappellerai, à l’appui de la sincérité de nos propositions, qu’elles sont conformes à tout notre système. Nous croyons que l’on doit introduire le système de la liberté dans toutes les parties de la société religieuse et civile ; nous voulons la liberté économique, nous voulons la liberté administrative, nous voulons la pleine et absolue liberté de conscience ; nous voulons toutes les libertés compatibles avec le maintien de l’ordre public ; et par suite, comme conséquence nécessaire de cet ordre de choses, nous croyons nécessaire à l’harmonie de l’édifice que nous voulons élever que le principe de liberté soit appliqué aux rapports de l’Église et de l’État[1].

  1. Discorsi pronunziati nella Camera dei deputati ai 23 e 27 marzo 1861 in occasione della discussione sulle interpellanze del deputato Audinot al Ministero intorno alla questione di Roma. Seconde discorso (27 marzo). — Discorsi parlamentari del conte Camillo di Cavour raccolti e pubblicati per ordine della Camera dei deputati. Roma, Botta, 1872 ; t. XI, p. 346-348.