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une vive impulsion à l’industrie automobiliste allemande. Mais c’est l’industrie française qui sut le mieux profiter de ces nouveaux progrès de la mécanique.

Dès 1890, deux fabricans que leur initiative a rendus célèbres, Panhard et Levassor, employaient le bicylindre de Daimler à la construction de leurs premières voitures à pétrole. D’autres, comme Tenting, Roger, etc., les imitaient et, en 1891, une voiture Peugeot, à moteur Daimler, suivait Terront, à partir de Dreux, dans la fameuse course vélocipédique de Paris-Brest-Paris (1 200 kilomètres). L’élan était donné et l’automobilisme sur routes, avec véhicules à pétrole, était définitivement créé, comme le prouva, d’ailleurs, le concours organisé, grâce à P. Giffard, par le Petit Journal, trois ans après, de Paris à Rouen. Quoique, dans cette course, un quadricycle à vapeur Dion-Bouton fût arrivé premier, le jury ne laissa pas d’attribuer le prix à une voiture à essence de Panhard-Levassor et Peugeot. Enfin, en 1895, le triomphe d’une voiture Panhard, à deux places, relativement légère (600 kilogr. à vide), dans la course Paris-Bordeaux-Paris (1 200 kilomètres environ), en établissant la suprématie du pétrole comme agent de traction, montra qu’il était désormais inutile de demander à la vapeur la solution complète du problème de l’automobilisme, et indiqua ainsi aux constructeurs la voie définitive dans laquelle il convenait de se diriger.

C’est donc la course Paris-Bordeaux, organisée par l’Automobile-Club de France, alors récemment fondé, qui a été le véritable point de départ de l’industrie des voitures automobiles ; c’est elle qui a clôturé, pour cette industrie, la longue période de gestation commencée, en 1769, avec le fardier de Cugnot. Aussi l’effet qu’elle produisit à l’étranger fut immense. Les résultats en étaient à peine connus, que les Américains organisaient à Chicago, sous les auspices du Times Herald, leurs premiers concours d’automobiles sur routes. L’année suivante, en 1896, les Anglais s’empressaient de déclarer caduc le Locomotive Acts ; l’Engineer d’abord, la Self Profelled Association ensuite, ouvraient aussitôt des concours de véhicules automobiles, mais sur des bases plus pratiques que les concours français, de façon à pouvoir établir un jugement sérieux sur les différentes espèces de voitures engagées. L’Italie elle-même suivait le mouvement et, pendant l’Exposition de Turin, en 1898, c’est une voiture à