Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 28.djvu/330

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tenting, etc. C’était l’entrée en scène, pour l’automobilisme, des moteurs à explosion.

A la rigueur, on peut faire remonter l’origine de ces moteurs à l’invention du canon, machine à explosion dans laquelle le piston n’est autre que le projectile lui-même. Il est même juste, à ce propos, de rendre hommage, en passant, à ceux qui, comme l’abbé Hautefeuille au XVIIe siècle, eurent l’idée d’employer la poudre à d’autres usages que la guerre ou l’exploitation des mines et des carrières, appelant ainsi Inattention sur ? le parti qu’on pouvait tirer des propriétés thermodynamiques des gaz. Mais la difficulté d’utiliser un explosif aussi brutal et aussi dangereux que la poudre était par trop évidente. C’est pourquoi, dès la fin du XVIIIe siècle, Barber et Street s’adressaient à l’air carburé, et, en 1860, l’ingénieur français Lenoir avait l’honneur d’attacher son nom au premier moteur à explosion véritablement utilisable, moteur à double effet et à deux temps : 1° aspiration, explosion et détente ; 2° expulsion des gaz. Trois ans plus tard, remplaçant le gaz d’éclairage dont il s’était servi d’abord par de l’essence de pétrole (qui n’est, en somme, qu’une sorte de gaz d’éclairage liquéfié et, par suite, facilement transportable), il cherchait le moyen d’appliquer son moteur à l’automobilisme, et c’est encore à lui que revient l’honneur d’avoir fait circuler la première voiture à pétrole sur la route de Paris à Joinville-le-Pont.

Malheureusement, le moteur à deux temps, de par son principe même, est un moteur à faible puissance : la détente n’a lieu que pendant une moitié de la course du piston, de même l’aspiration qui la précède, de sorte que la quantité du mélange gazeux employé est nécessairement assez limitée. Peut-être aurait-il fallu attendre longtemps encore la solution du problème de l’automobilisme, sans l’heureuse modification que Beau de Rochas proposa, en 1862, au cycle à deux temps. Cette modification consiste, on le sait, à faire précéder l’explosion d’une compression qui produit les effets suivans : 1° elle facilite, par l’élévation de température qui l’accompagne, l’explosion elle-même ; 2° elle bande cette sorte de ressort constitué par le mélange explosif essence-air, et augmente, par suite, la détente dans une proportion considérable, d’où la possibilité, pour les gaz brûlés, de s’échapper à une température relativement basse. En fin de compte, le rendement est très augmenté et, du coup,