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Sous le gouvernement de lord Dalhousie, le Boutan s’est vu retrancher de son territoire les « doars, » c’est-à-dire les « portes » de l’Himalaya, seules régions du pays dont les productions aient de la valeur et où les habitans se soient groupés en nombre considérable. En 1885, ce qui restait de l’État birman a été annexé à l’empire indo-britannique. En 1888, le gouvernement des Indes ne craignait pas d’engager la lutte avec le Thibet et la Chine pour la possession du Sikkim dont la Chine revendiquait le protectorat, comme elle avait revendiqué celui du Népal. Une armée thibétaine ayant franchi les passes de l’Himalaya et étant arrivée à 60 kilomètres de Darjeeling, fut repoussée. Il est vrai que les Anglais, qui croyaient à cette époque au dogme de la solidarité et de la puissance chinoises n’abusèrent pas de la victoire. Après diverses négociations menées dans un esprit conciliant, une convention, signée à Calcutta le 19 mai 1890 entre la Grande-Bretagne et la Chine, régla la situation respective des deux puissances au Sikkim et au Thibet. Le protectorat anglais sur le Sikkim fut reconnu par la Chine, et il fut admis « que le gouvernement britannique aurait un droit de contrôle direct et exclusif sur l’administration intérieure et les relations extérieures de cet État, et que, sauf par l’intermédiaire et avec l’autorisation du gouvernement britannique, ni le souverain du Sikkim ni aucun de ses agens ne pourrait avoir de relations officielles et officieuses avec aucun autre pays. » Par la même convention fut déterminée la frontière du Sikkim et du Thibet, qui fut constituée par la ligne de partage entre les eaux coulant dans le Tizta du Sikkim et les eaux coulant dans le Machu du Thibet. Il ne resta plus alors au Thibet de ses dépendances antérieures sur le versant de l’Himalaya que la partie montagneuse de la petite vallée du Chumbi, affluent du Gange. À cette exception près, tout le pays au midi des monts est aujourd’hui placé sous l’influence anglaise. Le Sikkim, les deux tiers du Boutan, la Birmanie, une portion du Népal, l’ancien royaume Sikh de Lahore ont été annexés, et les seuls États indigènes qui ont conservé leurs souverains, le Boutan, le Népal et le Cachemire ne sont plus indépendans. Le gouvernement anglais sert au rajah du Boutan un subside annuel. Le Népal a reconnu le gouvernement des Indes comme puissance suzeraine et un résident anglais a le droit de séjourner dans la capitale, Khatmandou, gardée par des cipayes. Lui aussi est à la solde du gouvernement