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on en trouve un certain nombre « sans analogue sur le continent italien, » et notamment, « des chapelles grecques qui semblent, ici, des exilées. » L’esprit oriental si visible dans les édifices en plein air, apparaît mieux encore dans les constructions souterraines, particulières aux Basiliens. Le nombre des églises ou chapelles de ce genre, cavernes, grottes, cryptes, offertes par le sol, agrandies, consolidées, maçonnées, décorées par plusieurs générations, ou même creusées de fond en comble, est vraiment prodigieux. Quelques montagnes, comme celle de Rossano, toutes criblées de ces trous, présentent l’aspect de gigantesques madrépores. Certaines cryptes, au contraire, par leurs dimensions, sont de véritables monumens. Fr. Lenormant avait déjà remarqué les peintures, d’époques fort diverses, dont la plupart sont couvertes ; il avait signalé leurs origines byzantines fréquemment attestées par la langue des inscriptions

Les premières explorations méthodiques, à ce sujet, dans les régions d’Otrante, de Tarente, de Matera, de Calabre, sont dues à M. Diehl. Ses descriptions et analyses à Carpignano, à Brindisi, à San Vito dei Normanni, à San Blasio, aux Santi Stefani, à Vasto, à Soleto, dans les grottes tarentaises, à Casale, à Rossano, Catanzaro, Reggio, etc., ont apporté à l’histoire de la peinture en Italie, pour ses origines romanes et byzantines, les contributions les plus précieuses. M. Bertaux, en refaisant avec soin la visite de ces souterrains, n’a eu, le plus souvent, qu’à y joindre ses observations personnelles. Quelques peintures sont datées et signées. A Carpignano, deux Christs, l’un de 959, par Théophylactos, l’autre de 1020, par Eustathios, nous montrent l’évolution accomplie, aux entours de l’an mil, dans les conceptions du type sacré. « La sérénité de Dieu antique que le Christ conservait dans les miniatures du IXe et du Xe siècle, s’altère... A San Biagio, près de Brindisi, en 1197, un maître Daniel développe un cycle de compositions évangéliques. En général, ce ne sont que des figures isolées de saints, portant le nom du fidèle qui les commandait. La paroi funéraire, comme le terrain dans nos cimetières, n’était pas toujours concédée à perpétuité. En cas de concession temporaire, une image nouvelle, sur un enduit frais, se superposait à l’image ancienne.

Cet usage grec, avec des inscriptions tantôt grecques, tantôt latines, persista jusqu’en plein XVe siècle. Les difficultés de classification chronologique y sont donc extrêmes. La difficulté de