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d’Orient et d’Occident, qui, par suite de circonstances spéciales, y ont rapproché et mêlé sur le même sol, pendant plusieurs siècles, avec des règles et des tempéramens divers, les disciples de saint Basile, plus contemplatifs, plus traditionnels, et ceux de saint Benoît, plus actifs et plus novateurs.

Ces derniers ne jouèrent pas, d’abord, dans l’évolution, le rôle prépondérant que semblait pouvoir leur assurer leur origine locale. Dès la mort du maître, en 540, ils s’étaient bien groupés, autour de son tombeau, sur le Mont-Cassin ; mais, quarante ans après, ils en avaient été chassés par les Lombards. Durant tout le VIIe siècle, réfugiés à Rome, ils y durent attendre des jours meilleurs. Une seconde fois, au commencement du IXe siècle, ils remontèrent sur la montagne sacrée, après avoir fait une station d’essai aux sources du Volturne. Cette fois encore, leur tranquillité dura peu. En 840, après un effroyable massacre où succombèrent, en quelques heures, 900 moines, les Sarrasins pillèrent, incendièrent, anéantirent toutes leurs constructions. Il n’en resterait nul vestige, sans une heureuse découverte de peintures murales, en 1885, dans les ruines d’une chapelle aux environs du Volturne. Par une autre bonne fortune, en 1900, reparaissaient, à Rome, dans l’église basilienne de Santa Maria Antica, d’autres peintures à peu près contemporaines. Nous pouvons ainsi juger des différences et des similitudes par lesquelles, sous des influences occidentales ou orientales, ces vénérables images ont pu préparer l’évolution postérieure de la peinture.

Le monastère de Saint-Laurent, aux sources du Volturne, avait été fondé, vers l’an 700, dans un site admirable, alors infesté de bêtes fauves et de brigands, par trois jeunes seigneurs de Bénévent, trois frères, dégoûtés du monde. D’autres bénédictins, treize ans après, avaient reconstruit un monastère au Mont-Cassin. Ces deux établissemens voisins se développèrent, en paix, durant cinquante ans. Deux nobles abbés surtout, l’un, Gisulf, des princes de Bénévent, au Mont-Cassin (797-818), l’autre, Josué, parent de Charlemagne, au Volturne (793-818), contribuèrent à leur splendeur. Ils construisirent, en même temps, deux basiliques, édifices presque identiques sur ce plan latin, dont le type subsiste à Rome, dans l’église de Saint-Clément. Toutes deux, suivant l’usage, étaient couvertes de peintures.

Celle du Mont-Cassin a été détruite, nous l’avons vu, de fond