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égale à celle qu’ont nécessitée les opérations sur le terrain. Il y a enfin les travaux de publication et de gravure qui doivent être également suivis de très près.

Outre la rédaction de leurs travaux personnels, les ingénieurs hydrographes doivent encore reproduire, en les adaptant aux nécessités et aux besoins de notre marine, les cartes levées par les marines étrangères, de manière que nos bâtimens soient constamment munis de tous les documens nécessaires ou utiles à la navigation. Ils ont à tenir à jour les cartes déjà faites, en y portant les modifications provenant des nouveaux levés, les dangers nouveaux, les changemens d’éclairage, et de balisage, travail fastidieux, minutieux, mais qu’on ne saurait abandonner complètement à des agens subalternes ; car la moindre négligence ou erreur peut avoir des conséquences désastreuses.

Les ingénieurs hydrographes ont aussi la charge de tous les services scientifiques qui intéressent la marine ; ce sont eux qui s’occupent des instrumens nautiques, en particulier des chronomètres dont ils suivent et vérifient les marches avant de les envoyer aux observatoires des ports d’où on les délivre aux navires ; ils ont eux-mêmes à Paris un observatoire qui leur sert pour ces opérations, très précises et très délicates ; plusieurs centaines de chronomètres et de montres leur passent ainsi tous les ans entre les mains. Les études et les prédictions des marées sont également de leur ressort.

Enfin il ne se fait pas un travail sur les côtes de France, construction ou amélioration de port, établissement de phares, sans qu’ils soient appelés à l’étudier comme rapporteurs au sein de commissions nautiques, sortes d’enquête d’intérêt maritime auxquelles sont soumis tous les projets de travaux à la mer émanant de l’administration des ponts et chaussées.

On a cherché à compenser leur insuffisance numérique en les suppléant par des officiers de marine, spécialement pour les sondes à la mer. Dès l’origine, Beautemps-Beaupré s’en était adjoint quelques-uns, mesure d’autant plus justifiée alors que ses jeunes compagnons nouvellement sortis de l’École polytechnique étaient complètement étrangers aux choses de la mer.

De cette collaboration avec l’illustre fondateur de l’hydrographie est née une sorte d’école quelque peu rivale de celle des ingénieurs, à laquelle est attaché principalement le nom de l’amiral Cloué. C’est surtout à Terre-Neuve, sur les côtes de