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La devise qui représente une flèche traversant un tonneau, sur le balcon en saillie au sud du chœur, est celle du prieur Bolton, qui acheva l’église au XVIe siècle.

Restent à voir les fonts baptismaux de forme octogone où fut baptisé Hogarth, dont le père était correcteur d’épreuves dans une imprimerie voisine ; en sa qualité d’enfant du quartier, l’auteur du Mariage à la mode, crut devoir décorer l’escalier de l’hôpital d’un Bon Samaritain et d’une Piscine probatique qui n’ont pas le mérite de ses immortelles caricatures.


L’architecture romane, soit normande, soit de transition, et le gothique sont certainement les styles qui conviennent au ciel nuageux et au climat humide d’Angleterre. Les emprunts qu’a faits ce pays du Nord à la renaissance italienne et à la Grèce ne lui ont jamais réussi et on peut regretter que la nouvelle cathédrale catholique de Westminster, maintenant bien près d’être achevée, soit de style byzantin. Il est facile du reste de comprendre pourquoi. Le cardinal Vaughan, en excluant le gothique, d’abord proposé par l’architecte, a voulu écarter toute comparaison avec l’abbaye du même nom. L’érection d’une église métropolitaine avait été le rêve du cardinal Wiseman et du cardinal Manning ; mais ces deux prélats s’imposèrent longtemps le devoir d’appliquer toutes leurs ressources « à la fondation d’une église spirituelle » dans le diocèse de Westminster, c’est-à-dire qu’ils concentrèrent d’abord leur zèle infatigable sur les écoles catholiques jusqu’à ce que les enfans pauvres du troupeau eussent été mis à l’abri des influences protestantes. Ceci fait, sans qu’aucune opposition y eût été apportée, — oh ! heureuse et libre Angleterre ! — le cardinal Vaughan pensa qu’il était temps de prendre une part ostensible, éclatante, au mouvement religieux qui jusque-là s’était plutôt dissimulé dans d’humbles chapelles. Le terrain de Carlisle Place fut acheté et ceux qu’on appelle les pionniers de l’entreprise, le duc de Norfolk en tête, ayant fourni le tiers environ de la somme nécessaire, les travaux commencèrent assez promptement, tandis que continuait la souscription.

Depuis le jour de l’Ascension 1902, les chants liturgiques retentissent chaque jour sous les hautes voûtes. Celles-ci n’ont pas encore leur revêtement de mosaïques et ne me paraissent que plus belles dans cette nudité. L’immense vaisseau de brique