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X

L’Empereur se montra très affligé de ces résistances de la Commission. Il se plaignit de ce manque de prévision, de ce sacrifice des véritables intérêts du pays. Il demanda à ses ministres de lutter pied à pied, et leur donna pour instruction formelle de n’accepter aucun amendement et de maintenir la loi dans son intégrité : elle était un minimum indivisible dont on ne pouvait abandonner aucune partie. Les ministres s’y employèrent en effet de leur mieux, mais le temps s’écoulait et la Commission ne cédait pas. Le point le plus aigu du dissentiment était la fixation du contingent. Et ce point, sur lequel la Commission se montrait intraitable, était celui sur lequel elle avait le moins raison. Les prérogatives de la Chambre eussent été, en effet, méconnues si, partant du principe qu’une portion seulement de la classe serait appelée, le gouvernement s’était attribué le droit de déterminer seul le chiffre de ce contingent. Mais dès qu’il était constant que classe et contingent seraient des termes identiques, et que tous les jeunes gens capables seraient incorporés à un titre quelconque, on n’ôtait pas au Corps législatif un droit que personne n’avait à exercer, puisque la loi l’avait exercé une fois pour toutes, avec le consentement du Corps législatif lui-même. D’ailleurs, le Corps législatif ne restait-il pas toujours investi du pouvoir de fixer annuellement, par la loi de finances, le chiffre des hommes à entretenir dans l’armée active ? On ne pouvait cependant maintenir un contingent uniquement pour donner satisfaction à un droit constitutionnel chimérique. Lorsque plus tard, après la guerre, le service fut rendu universel, personne n’osa renouveler cette pauvre objection. En 1867, on ne put pas en déprendre les sages de la Commission composée en majorité de candidats officiels. Enfin lassé, l’Empereur donna l’ordre à Rouher de poser un ultimatum.

Le Vice-Empereur se présenta avec solennité, accompagné du général Allard, de Vuitry et du maréchal Niel. La Commission avait chargé son rapporteur, Gressior, de soutenir la discussion. Vuitry l’entama avec beaucoup de tact et de ménagemens, s’appliquant à ne pas froisser ceux dont il voulait l’assentiment ; Gressier ne lui répondit pas. Alors Allard, un peu plus guerroyant, prit la parole. Pas de réponse encore. Le