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étroitement liées aux plus graves questions de doctrine sur lesquelles la Commission, à raison même de sa composition, est sans compétence et sans autorité ; qu’au fond le vrai sujet du débat est de savoir si l’on ne doit pas regarder le Communion service de l’Église établie comme n’étant pas autre chose que l’ancienne messe latine, traduite en anglais, avec quelques changemens, les uns recommandables, les autres déplorables ; que, ce point accordé, l’agitation protestante est condamnée ; que, sur ce sujet, les Ritualistes ne peuvent se prêter à aucun compromis et ne reculeront devant aucun sacrifice. Quant à l’autorité des évêques, lord Halifax se dit prêt à s’y soumettre, si elle s’exerce en vertu du pouvoir apostolique et non comme interprète d’un acte du Parlement ou d’une décision des cours de justice ; encore ne l’admet-il que pour le règlement de certains détails du cérémonial, sans altérer ce qui tient à l’essence même de la doctrine et ce qui est consacré par l’usage de l’Église universelle.

Entre temps, un membre important du clergé anglican, le docteur Wace, doyen de Canterbury, croit avoir trouvé un critérium pour trancher les questions débattues entre les Ritualistes et leurs adversaires ; il propose d’en « appeler aux six premiers siècles » et de décider que « rien ne saurait être accepté comme vraiment catholique, qui ne peut se réclamer de l’assentiment et de la pratique générale de l’Église chrétienne, avant la fin du VIe siècle. » L’idée a trouvé d’abord d’assez nombreuses adhésions dans le clergé et n’a pas paru mal vue du nouvel archevêque de Canterbury, le docteur Davidson ; mais, après quelques hésitations, les Ritualistes la combattent, et des esprits indépendans n’ont pas de peine à faire observer combien est arbitraire et difficile à fixer la limite à laquelle on prétend arrêter ce développement qui est la loi de l’Église et l’essence même de toute institution vraiment vivante. Il n’est donc pas probable qu’on ait trouvé là, plus qu’ailleurs, le remède cherché aux dissensions de l’Église d’Angleterre.


VI

Les choses en sont là. Quelle en sera l’issue ? Une reprise de persécution ? Un nouvel effort de coercition législative ou judiciaire ? Je ne le crois pas. Des incidens parlementaires de ces dernières années, il ressort clairement que le gouvernement n’a