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catholiques, d’autres, dans un camp opposé, donnent le scandale de mettre en doute les vérités fondamentales du Christianisme, telles que l’éternité des peines, la naissance virginale ou la résurrection du Christ ; si l’un de ces derniers est obligé par son évêque à démissionner, beaucoup gardent, sans être inquiétés, leurs fonctions ecclésiastiques ; et c’est le moment que choisit la majorité de l’épiscopat pour remettre sur le tapis la suppression du Symbole d’Athanase, tandis que l’archevêque d’York conseille l’intercommunion eucharistique avec les dissidens.

Avec la rentrée du Parlement, en 1904, se pose de nouveau la question de l’intervention législative à laquelle l’impuissance de l’Eglise à dominer elle-même ses divisions, semble fournir prétexte. Le premier ministre, M. Balfour, n’y est pas plus porté que naguère. Seulement, préoccupé de prévenir des défections dans une majorité déjà ébranlée par d’autres causes, il croit nécessaire de faire quelque chose ; au moins tâche-t-il que ce soit le plus inoffensif possible, et, dans cette vue, il imagine, de nommer, en avril 1904, une Commission royale d’enquête sur les désordres allégués dans l’Église ; c’est le même expédient auquel avait eu recours lord Derby, en 1867, pour ajourner une action réelle.

Depuis lors, l’enquête a suivi son cours. Il n’est pas téméraire de supposer que le premier ministre n’est pas fort pressé d’avoir à prendre un parti sur ses conclusions. A peine les commissaires choisis, les protestans se sont plaints bruyamment d’y voir trop peu des leurs, et l’un de leurs journaux a déclaré que « la Commission n’était rien autre chose qu’une farce. » Toutefois, ils se sont mis en campagne, ont envoyé partout des espions pour surprendre sur place toutes les irrégularités rituelles, et apportent ensuite ces dénonciations à la Commission. De leur côté, les Ritualistes, tout en comprenant que cette Commission n’a pas été imaginée à mauvaise intention, ne se montrent pas entièrement rassurés sur une opération qui implique le droit de l’État d’intervenir dans les choses religieuses, et, bien qu’imparfaitement informés sur les procédés assez mystérieux de l’enquête, ils ne laissent pas que de les critiquer. Dans un meeting de l’English Church Union, tenu en octobre 1904, à Liverpool, à l’occasion du Church Congress, lord Halifax fait observer que les questions de rituel auxquelles on prétend borner l’enquête, notamment celles qui ont trait au culte eucharistique, sont