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dépensées, le résultat est médiocre, et les électeurs paraissent avoir plus de souci de la guerre du Transvaal que des griefs de M. Kensit. Aussi bien, en se prolongeant, la campagne de ce personnage fatigue et dégoûte l’opinion, plus qu’elle ne l’échauffé. Elle n’est d’ailleurs pas sans risques personnels pour les agitateurs eux-mêmes dont plusieurs sont, pour leurs violences, frappés par les tribunaux ; en septembre 1902, le fils de M. Kensit est condamné à la prison, et, quelques semaines plus tard, M. Kensit lui-même, blessé dans une bagarre qu’il a suscitée à Liverpool, succombe aux suites de ses blessures. Tel est le discrédit où est tombé ce personnage, qu’en dépit des efforts de ses partisans pour le gratifier d’une auréole de martyr, cette fin tragique ne fait guère plus d’effet que tout autre fait divers.

Parmi les protestans, quelques-uns, oublieux des mécomptes passés, eussent volontiers repris les poursuites judiciaires : de prétendus aggrieved parishioners ont voulu, à la fin de 1900, citer, devant le tribunal de lord Penzance, trois vicars ultra-ritualistes de la capitale ; mais l’évêque de Londres, manifestement soutenu par son clergé, y a opposé son veto. A défaut de procès contre les personnes, on se console en en engageant plusieurs contre les choses, et en demandant aux juges laïques des cours consistoriales, qui s’y prêtent d’ordinaire assez facilement, d’ordonner l’enlèvement des ornemens déplaisans aux préjugés protestans. Le spectacle de ces légistes, statuant sur des questions de crucifix, est singulier et quelque peu ridicule ; quant au résultat obtenu, il est mince : les ornemens, condamnés dans telle église, se retrouvent dans un grand nombre d’autres églises voisines ; le résultat devient odieux, quand il aboutit, comme à Brighton, dans un procès qui se prolonge durant trois ans, à permettre à un particulier de saccager lui-même une église, en en arrachant brutalement les crucifix, les chemins de croix, les statues de saints, les confessionnaux, et en emportant le tout pêle-mêle dans une voiture de déménagement.

Les évêques, critiqués des deux côtés, sont donc loin d’avoir fait, dans l’Eglise, la paix, l’ordre et l’uniformité qu’on attendait d’eux. Vainement se sont-ils associés à des essais de conciliation. Les deux Round table conferences où, à la fin de 1900 et en 1902, l’évêque de Londres a convoqué les représentans des divers partis religieux, en vue d’établir une sorte de compromis sur les questions de la présence réelle et de la confession,