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chez leurs successeurs dégénérés, que des obstinations puériles, des opinions superficielles ; ils ont paru plus occupés à s’amuser de certains décors que résolus à se sacrifier pour une foi douloureusement conquise. Que, dans certains cas, cette sévérité fût justifiée, je ne saurais le nier ; mais il ne faudrait pas la généraliser. Chez beaucoup d’autres Ritualistes, — et on peut espérer qu’ils finiront par donner le ton à tout leur parti — l’importance attachée aux formes ne venait que de l’attachement aux doctrines qu’elles manifestent. A côté des collectionneurs, en effet ; peu intéressans, de vieilles chasubles, combien d’autres étaient comme ce father Dolling, si dévoué aux ouvriers, qui, montrant à un prêtre français ses ornemens sacerdotaux, lui disait, avec un haussement d’épaules, que « son cœur n’était pas là. » Ces hommes sans doute n’avaient pas toujours la culture et la distinction intellectuelles des grands Tractariens ; ils étaient aussi moins brillans, moins savans, moins ouverts aux subtilités de la critique moderne que d’autres descendans des Tractariens, ces High churchmen légèrement teintés de Broad Church dont le Rev. Gore, l’éditeur de Lux Mundi, récemment nommé évêque de Worcester, est le représentant le plus en vue. Mais, appelés à agir sur le peuple des paroisses, non sur une élite universitaire, ils avaient, plus que les Tractariens, le sens, le souci, la flamme du missionnaire apostolique ; on les a vus à l’œuvre dans les quartiers ouvriers et misérables où l’anglicanisme n’avait avant eux aucune prise. Les nouveaux « collèges théologiques » par lesquels ils ont presque tous passé, leur ont donné une éducation spirituelle et comme une empreinte cléricale, inconnues chez leurs devanciers qui avaient été exclusivement formés dans les Universités et dont on avait pu écrire qu’ils « passaient directement des champs de cricket ou des rivières d’Oxford et de Cambridge aux autels de l’Eglise de Dieu. » En somme, avec eux, apparaissait un type de clergyman, à peu près inconnu jusqu’alors dans l’Eglise établie, moins homme du monde, moins scholar, plus sacerdotal, plus ascétique, plus apostolique, se rapprochant davantage de notre idéal du prêtre catholique. En semblant ne batailler que pour des questions de cierge et de chasuble, ils ont commencé à ranimer pratiquement, dans l’Église anglicane, la vie sacramentelle qui y était à peu près entièrement éteinte. A ces titres divers, ils sont vraiment les successeurs des Tractariens ; ils ont continué et complété leur